Jesus Christus Erlöser
Jesus Christus Erlöser

Documentaire de Peter Geyer (2008)

Jésus sauveur, le one-man show pensé par Kinski et inspiré par sa mégalomanie et son égocentrisme légendaires, est un de ces moments qu'aucun artiste de scène n'aimerait vivre. Autoproclamé acteur déifié, sorte de Quasimodo dont l'interprétation trouvait de sérieux liens avec l'opéra tragique et le théâtre classique même si l'œuvre dans laquelle il évoluait n'avait pas grand chose à dire (c'est à dire les trois quarts de sa filmographie), Klaus Kinski se retrouve néanmoins ici en fâcheuse posture tant son spectacle, navrant, est une débâcle artistique et critique sans nom. La gêne de voir l'acteur au centre de la scène, taquiné, interrompu voire conspué, est totale. L'acteur fou et bagarreur est ici nu, incapable de se concentrer et de se contenir face aux détracteurs venus se taper une bonne tranche. Il faut aussi dire que Kinski, dont le cinéma n'était qu'un moyen de se faire de l'argent rapide, déroule un discours sur Jésus où la modestie et le pardon, entre autres, dominent, soit l'opposé de ce que laisse transparaître l'acteur, d'où une incohérence de style et de propos avec l'orateur de la soirée. Le public ne manquera pas de le lui rappeler en se moquant ouvertement de celui qui a gagné des millions de marks au cours de sa carrière et qui est incapable ici de retenir ses lignes ou de combler les silences.


On aurait pu en venir aux mains plus d'une fois, Kinski étant ici incapable de pardonner ses accès de violence ou de comprendre les remarques qui lui sont faites. Le punching-ball d'un soir se retrouve donneur de coups jusqu'à tomber d'épuisement à force de quitter la scène et de revenir comme si de rien n'était. Avant un énième accès de colère.


Il tentera vainement de finir son spectacle devant une petite centaine de spectateurs assis à même le sol (une comparaison avec Woodstock est même faite). Tentera, car le moindre petit bruit de fond déclenchera de nouveau sa colère : le futur acteur mythique de Werner Herzog se mue alors peu à peu en diva rincée et flétrie, capricieuse et abîmée, son égo ne s'en remettra jamais et il n'y aura pas d'autres représentations. A 10 marks la soirée, le spectacle valait sûrement quoiqu'il arrive le détour.


Un document cinglant.

XavierChan
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le 22 juil. 2020

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XavierChan

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