C'est toujours très enrichissant de tomber sur ce genre de film dont seule les années 80 ont le secret.
Jimmy Reardon est une comédie romantique des plus surprenantes, tant par ses personnages que par son déroulement.


Difficile d'ignorer tout d'abord son héros, magistralement interprété par un River Phoenix toujours talentueux. Héros, ou peut-être même anti-héros. Il est certes de cette famille des semi-loosers malchanceux que les teen movies affectionnent tant, mais le film ose écrire un personnage qui va carrément dans l'immoral, voir peut-être dans l'illégal, en matière de relations fille-garçon. Autant le dire clairement: Jimmy Reardon dépeint l'histoire d'un coureur de jupon au comportement très entreprenant, qui a du mal à saisir les notions de consentement à tout hasard. Pour autant, on s'attache quand même à ce héros qui réussit donc à être à la fois sympathique, et à la fois terriblement salopard.
Autour de cet adolescent débordant d'intelligence et d'inconscience, gravitent une galerie de personnages haut-en-couleur, bien trop pour qu'un film d'une heure trente suffise. Les personnages féminins notamment sont plutôt réussis, et nombre d'entre eux introduisent dans le film une vraie question sociale, notamment sur la bourgeoisie américaine. On pourra regretter une plus grande timidité dans le dernier tiers du film, mais voir autant de gens coincés et hypocrites se faire utiliser par le jeune homme des classes moyennes aurait pu donner lieu à encore plus intéressant.


Le film est aussi plutôt drôle, notamment par certaines situations plus que par ses dialogues. Je dois quand même saluer en l'esprit un tantinet irrévérencieux.


Néanmoins, bien que la grande scène nocturne finale soit des plus jouissives, on regrette l'absence d'une véritable fin. Comme souvent, le film ne va pas assez loin. D'une manière générale même, on sent qu'il se retient. En dehors d'une scène un peu plus démonstrative, on ne peut que déplorer la timidité dans la réalisation, là où Jimmy Reardon aurait pu donner un Ferris Bueller en plus barré et plus osé. Les films d'université auront Heathers/Fatal games un an plus tard, mais les road trip sur fond de vie amoureuse dysfonctionnelle avaient besoin d'une version plus cash et plus dévergondée.
Le film tient donc sur une heure trente, durée standard, en étalant un scénario in fine plutôt basique. On prend plaisir à suivre les aventures du jeune rebelle, mais une demi-heure en plus et quelques rebondissements bien sentis auraient fait de Jimmy Reardon une version plus mature de Nuit de Folie ou de Licence to drive, tout deux vus cette année et qui manquaient chacun d'un petit plus. Il me tarde de revoir Risky Business, peut-être réussissait-t-il là où Jimmy Reardon échoue en partie?

lordwraith

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