Très difficile de parler d'un film de Godard depuis son grand retour au début des années 1980. Certains y verront un mélange informe, de la pédanterie ou un mélange des deux.
Dans ce film, Godard revient avec beaucoup d'émotions et de poésie sur son enfance, sur la campagne de sa Suisse natale. Un retour sur soi, simple, mais magnifique, toujours aussi bien travaillé sur la photographie et le montage. Comme souvent dans ce genre de films, on y trouve la voix de Godard qui nous accompagne tout du long, qui est notre fil conducteur, et comme souvent, on y retrouve beaucoup de réflexions politico-poétiques personnelles. Du dénoncement de l'armée israélienne et de son gouvernement à la perte de l'identité de l'Europe, tout y passe. Cette critique mérite de citer verbatim son sujet: " L'Europe a des souvenirs....l'Amérique a des t-shirts". Ainsi, au-delà de ces questions contemporaines qui rappellent certaines vérités, c'est toujours cette forme post-70 qui revient, toujours aussi fascinante et malléable, c'est peut-être ça le cinéma..... La voix n'est jamais intempestive, elle intervient quand il faut..sur les images de la Suisse, les portraits d'enfance, les tableaux, les livres et les textes qu'ils contiennent, comme si le cinéma embrassait le réel dans toutes ses formes, que ce mélange formait une symphonie. Tout ceci apparaîtra chaotique à certains, mais Godard a toujours le mérite de nous rappeler ce que le cinéma peut être, ce qu'il a très rarement été...Une source d'inspiration toujours aussi grande 20 ans après. En sortant de JLG/JLG, et d'autres films de Godard, on a le sentiment que le cinéma est encore dans sa phase enfantine et qu'il lui reste encore beaucoup à découvrir. Ce cinéma qui continue d'explorer les potentialités du medium sera-t-il vu et connu, existera-t-il seulement ?