Une voiture qui avance lentement et qui percute un mur. Un homme s'en extrait et s'effondre. Il s'affale, blessé grièvement, et empoigne son portable pour ouvrir une fenêtre sur le passé. Il sombre. Lui, c'est John Wick. C'est le seul moment du film où on le croit vulnérable.
Pour un chien. Pour l'espoir qu'il représente. John Wick part en croisade. Les premiers instants sont ludiques. C'est un plaisir de découvrir la légende du personnage de Wick par le témoignage et les réactions de ses anciens collaborateurs. Respect et crainte. Tous savent que ça va finir en bain de sang. Economie de gestes, économie de balles. Toutes font mouche. Efficace, sans fioriture, sans esthétisme, sans faille. Wick nettoie par le vide, il nivelle par le bas, lui qui culmine.
Devant ces mises à mort, je reste distante. Wick, un nom qui claque comme un cliquetis mécanique. Une machine, sans état d'âme, sans aspérité. Un monolithe noir, intouchable. Et cette première scène, celle de la chute de Wick, en trompe l'œil, pour me faire croire qu'il est vulnérable. Mensonge.
Ca parle peu, tant mieux, car ça parle mal. Les calibres s'expriment mieux que les mots. Il faut toujours viser la tête. Là où il y a des souvenirs. Sous cette pluie, de balles et de sang, les enjeux disparaissent. John Wick est un sommet que l'on ne peut soumettre. On plaque quelques intrigues artificielles, pour diluer, pour émouvoir, pour impliquer. Mais John Wick magnétise et concentre les attentions. Il n'y a pas de place pour les satellites.
A la fin, un autre chien. Noir, anguleux, puissant. Fidèle à l'homme Wick.