Retranscrire à l’écran l’horreur de ce que vit ce pauvre Johnny est une tâche extrêmement ardue, pour ne pas dire impossible. Mais là, franchement c’est décevant.

Le calvaire démarre presque de façon comique, quand Johnny s’aperçoit par déduction qu’il lui manque un bras, puis deux. Il est difficile de savoir si l’humour noir est bien intentionnel, ce qui est un peu malaisant.

Il faut dire que le protagoniste est franchement niais, la scène du dépucelage parle d’elle-même. S’il n’était pas dans cet état, ce serait une vraie tête à claques du début à la fin du film. Sa voix off omniprésente, la nature de ses remarques, sa façon de s'exclamer vont contribuer à faire passer cette épreuve pour une aventure, comme s'il était perdu sur une ïle déserte ou dans une obscure caverne sousterraine. Il compte les jours comme Robinson Crusoé, percoit la présence des gens comme un chasseur pisterait du gibier, s'émerveille de sentir le soleil comme un rescapé d'une mine effondrée.

Passé la prise de conscience initiale de Johnny, le film va s’éterniser dans de petits délires oniriques avec Donald Sutherland en Jésus et des squelettes en plastique sous l’eau, délires mêlés de flash-backs sur sa petite vie insipide.

Johnny va se mettre à communiquer en morse assez tardivement, et il aura assez peu de choses à dire. Le concept du film est très limité, et mise tout sur son originalité et l’image choc de l’homme-tronc endrapé. L’horreur physique est bien suggérée mais l’horreur psychologique est passée à la trappe.

Ce qui frappe est le message abscons du film. Est-ce un film pacifiste ? Non, car si le scénario a été écrit en 1938, l’auteur aura changé d’avis sur la guerre entretemps. Un pamphlet pro-euthanasie ? Le sujet est à peine effleuré.

Ce film souligne bien que le pathos ne fait pas tout. Oui la guerre, c’est mal. Oui, on plaint ce pauvre malheureux Johnny. C’est un film qui ne casse pas trois pattes à un canard, les bras m’en tombent et ça nous fait une belle jambe.

Lepidoptep
5
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le 3 sept. 2022

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Lepidoptep

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