Ah, Jours de tonnerre. Passé relativement inaperçu en France (et traduit avec les pieds en VF, et oui, j'avais la VHS donc pas le choix...) malgré le casting et son statut de blockbuster, vu que chez nous, la NASCAR était encore plus confidentielle qu’aujourd’hui.


(Spoilers)
Le film démarre avec une musique rock épique qui a quelques relents des années 80, en cette année 1990. On ouvre durant le Daytona 500, le joyau du championnat NASCAR. Très vite, on voit Richard Petty. On y fera référence au moins 6 fois dans le film. Même alors que sa carrière était sur la fin et ses résultats en berne, on sent que cet homme aux 200 victoires en NASCAR et septuple champion était un demi-dieu à l’époque.


Alors que la course se déroule, un patron d’écurie, Tim Daland, demande à Harry Hogge (joué par Robert Duvall), un ancien concepteur de voitures, de lui en construire une nouvelle et de former un petit nouveau. Harry ne pense pas pouvoir revenir, car un de ses pilotes est mort il y a un an, à Daytona. Mais Daland a réussi à négocier son retour. Vous voyez l'originalité, le cliché ultime des années 80 où au début du film un boss revient chercher l'ancienne gloire qui n'a pas encore tout donné.


Bref, Harry fait passer le test au petit nouveau, Cole Trickle. Il est trop cool, il se pointe sur sa belle moto, avec lunettes de soleil, cheveux au vent, et musique rock en fond. Cole vient de la monoplace et a perdu sa licence mais de toute façon il voulait arrêter la monoplace car il voulait participer à Indianapolis. Certes il veut se faire un nom et c’est plus facile en Nascar car c’est plus médiatisé, mais tout de même, basiquement, son idée c’est : Arrêter la monoplace avec comme but de faire la course de monoplace la plus terrible au monde.


Les courses démarrent, ce qui permet de constater quelques points positifs. Le bruit des moteurs (ce sera un bon point dans l’ensemble du film d’ailleurs), les accidents, certains plans larges… mais le montage laisse parfois à désirer. Par exemple on a un plan large, puis un plan serré de la bagnole de Cole à fond qui dure un quart de seconde pour revenir à un autre plan large. Amis des images subliminales, bonsoir. Bon et puis les courses elles-mêmes sont d’une brutalité effarante. Les contacts et les poussettes sont exagérément violents et nombreux.


La relation entre Harry et Cole n’est pas bien partie, Harry se plaint de sa fougue et de son manque de professionnalisme. Mais voilà qu’à un moment où Cole veut rentrer aux stands, pour le faire enrager, Harry lui dit que l’équipe est entrain de déguster des esquimaux dans le stand, et que par conséquent, il doit patienter. Le vrai professionnel a parlé. En passant, je vous jure que c'est vrai : Cole tourne la tête et, tout en pilotant, parvient distinctement à voir qu'effectivement l’équipe est entrain de rien foutre, ça c’est de la vue perçante !


En vue de se rabibocher, ils ont une discussion un jour, et là, Harry découvre que Cole n’a aucune notion mécanique. C’est vous dire : Il ne sait même pas ce qu’est le sous ou survirage ! Non mais n’importe quoi ! « On m’a dit un jour pilote cette bagnole et je l’ai piloté » dit-il. Ce mec a remporté deux championnats en monoplace, comment diable a-t-il pu le faire sans régler sa voiture bordel de merde ? On est supposé gober ça parce que la relation entre Cole et Harry évolue et qu’on a le sentiment que l’histoire avance un peu.


Darlington, il reste 30 tours, Cole est 12e, il remonte premier en 25 tours, ce qui, vu que les écarts étaient déjà creusés, est bien rapide vu la taille du circuit. Mais à 3 tours de la fin, il y a un accident et le drapeau jaune sort, ils en profitent pour ravitailler. (Mode initié ON) Euh déjà, il n’y avait pas le Green-white-chequered-finish à l’époque alors j’aimerais savoir pourquoi la course ne se termine pas purement et simplement sous pace-car.(Mode initié OFF) Là non, elle repart avec deux tours à faire ! Ce qui signifie qu’en théorie la neutralisation a duré… un demi-tour. Ce qui n’est évidemment pas ce qui est montré à l’écran.


Bref, Cole gagne la course d’un souffle à la suite d’un dépassement audacieux, l’équipe a un gros sponsor pour assainir ses finances, tout le monde est content. Mais il reste une heure de film. Depuis le début, il n’y a eu que très peu de scènes sans bagnole, cette apogée veut dire moment creux, donc moment chiant, car on se doute que l’histoire ne brillera pas par son originalité.


Ce premier moment creux n’est heureusement pas trop long, on a bien une strip-teaseuse mais puisqu’on ne la voit pas en exercice, autant passer à la suite. Cole et Harry sont désormais en osmose, alors l’handicapé mental au volant passe de rien à tout : Il gagne 5 victoires en 6 courses ! Selon le speaker, c’est du jamais vu. Bizarre que les scénaristes, complètement gagas de Richard Petty, n’aient pas su qu’il l’a fait (et même mieux) de même que Cale Yarborough ou Bobby Allison.


Mais Cole et son rival Rowdy Burns ont un accident. Rien à redire sur le rendu visuel de l’accident par contre, ça en jette. Ils se retrouvent en convalescence à l’hôpital et malheureusement, ça veut dire moment creux beaucoup plus long. Ils se retrouvent entre les mains du docteur Claire Lewicki, jouée par Nicole Kidman. Elle avait 22 ans au moment de ce film, et elle ne fait guère plus. Je peux avoir un médecin qui a fini ses études, s’il vous plait ?


S’ils ont une gamine comme toubib, Cole et Rowdy agissent comme des gamins, faisant des courses de fauteuil roulant dans les couloirs, il ne manque plus que les roues qui s’entrechoquent avec des étincelles comme dans Ben-Hur… Mais pire encore, alors qu’ils sont rétablis, ils sont conviés à un déjeuner par le boss de la Nascar, ils décident de régler leur compte dans les rues, ils louent deux caisses et se tamponnent comme des malades en plein centre ville sans avoir de soucis avec la justice ou avec le service de location. De quoi être rassuré si on craignait qu’hors des circuits le film se vautre dans la médiocrité.


Bon d’accord, Cole et Claire fricotent un peu, de toute façon à part la strip-teaseuse de toute à l’heure ça doit être la seule présence féminine du film donc c’était ça ou Cole et Harry entamaient une relation homosexuelle. Cole a bien récupéré de son accident, mais il n’a pas la tête à ce qu’il fait à cause de Claire. Autre influence latente de Rocky qui use et abuse de ce cliché. Mais il est également préoccupé par Rowdy qui a des séquelles de l’accident. Oui car après avoir flingué les voitures de location dans les rues pleines de monde ils sont devenus potes du coup, sans doute à force de fréquenter les tribunaux ensemble.


Mais on doit compter aussi avec un nouveau rival de Cole, personnage totalement transparent puisque je ne parviens à me souvenir ni de son nom ni de son visage même après avoir vu le film 5 fois.


En attendant, le nouveau rival vire Cole lors d’une fin de course. Ce dernier repasse par les stands, change de pneus pour repartir à toutes berzingue et heurter le gars dans son tour d’honneur ! Suite à ça, si Cole a des ennuis avec les instances de la Nascar, personne ne le dit. Déjà ce serait hyper mérité... mais plus tôt dans le film, pour un accident arrivé durant la course il est menacé d’être exclu, alors pour une agression aussi caractérisée après la course, pourquoi est-il épargné ?


En tout cas, cette attitude ne plait pas à Claire qui ne se gène pas pour le dire. Son personnage devient plus intéressant à cette occasion, et sans bouleverser les codes du genre, ses répliques ne sont pas minables, c’est déjà ça.


Mais arrive alors le gros morceau, la course qu’il ne faut pas manquer : Le Daytona 500, au début de la saison suivante, donc. On goute un peu à l’ambiance mais Tony Scott et Bruckheimer on du se dire qu’on avait eu assez d’histoire et que fallait revenir aux VROOOMS. Des VROOOMS avec ellipses cela dit, 5 secondes après le départ, on en est au 56e tour, 30 secondes après, on est à la moitié de la course qui normalement fait plus ou moins 3 heures.


Mais même si la musique est un peu trop grandiloquente, la course se suit agréablement, les accidents en imposent toujours, et après 1h30 de film quand Cole rentre en marche arrière aux stands et qu’on bascule donc de Jours de tonnerre à Cars, on finit par hausser les épaules. Une nouvelle fois, les affrontements directs sont bien trop virils, les voitures ne cessent pas de s’entrechoquer de plus en plus violemment, et non seulement elles ne sont pas démolies, mais en plus les concurrents derrière ne les ramarrent pas.


Mais bien entendu Cole gagne le Daytona 500, tout est bien qui finit bien, un café l’addition, au revoir. C’était donc Jours de tonnerre, qui préfigure les exagérations de futurs films de bagnoles de plus en plus improbables, c’est plaisant comme ça mais pas inoubliable. Mais alors pourquoi a-t-il plutôt bien marché aux USA ? Parce que y’avait Tom Cruise dans un rôle de jeune cool, et qu'avant qu’il ne devienne un prêcheur à temps plein pour la scientologie, c’était le roi d’Hollywood. La Nascar et le scenar hyper-formaté pour ratisser large ont fait le reste.

The Reg

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