Jujutsu Kaisen 0
6.7
Jujutsu Kaisen 0

Long-métrage d'animation de Park Seong-Hu (2021)

Et c'est parti pour à nouveau ne pas me faire des amis... j'ai l'impression d'être encore le seul à être resté de marbre face à quelque chose de plutôt bien apprécié... mais malheureusement, cette fois c'était couru d'avance. Je n'ai vraiment pas passé un très bon moment devant Jujutsu Kaisen 0, et je vais vous expliquer pourquoi.


Déjà, soyons honnête : je n'ai pas aimé Jujutsu Kaisen la série. J'ai trouvé ça lambda, idiot et inefficace au possible. J'avais l'impression d'avoir déjà tout vu quelque part (Noragami, Parasite, SNK...), le héros m'était absolument insupportable (trop gentil et trop con comme souvent dans les shônen) et je trouvais que le récit manquait totalement de générosité, que ce soit avec ses designs de monstres et de personnages insipides au possible on les croirait générés par algorithme, son utilisation des poncifs du genre (le tournoi qui sert à rien quoi ça devrait être interdit) et son absence totale de pertinence dans l'émotion. Qu'est-ce que j'en ai à faire de ces gens randoms qui ont des super-pouvoirs qui défient toute logique (les mecs traversent 8 bâtiments sans pression) qui affrontent des forces imaginaires ? Les seuls détails qui m'ont marqués étaient Todo, meilleur perso de la série qui te juge sur tes goûts en femmes et le mec qui refusait de faire des heures supp'. Par petites touches comme ça, la série arrivait à proposer des moments sincères, mais c'était noyé dans un océan de généralités plates. Ce qui ne manquait pas de générosité par contre, et ce qui m'a fait tenir jusqu'au bout de la saison... c'était tout le package esthétique autour de ce récit. Des musiques souvent très sympathiques (mention spéciale aux deux endings), et surtout cette animation complètement débridée. C'était fluide, chorégraphié, impactant et long, tout ce qu'on demande à un série de baston et ça a parfaitement fonctionné pour me faire passer la pilule du cadre narratif insupportable. Je voulais voir le prochain épisode à chaque fois pour découvrir le nouveau pouvoir et la nouvelle tatane que les personnages allaient s'échanger, et j'admet que MAPPA est vraiment un studio à suivre actuellement.


J'ai donc terminé l'expérience sur une grosse demi-teinte, pas vraiment l'envie de voir une suite car j'en avais par dessus la tête de cet univers pourri, mais quand j'ai appris que la prochaine production à sortir autour de cette série était un préquel, et surtout un film... J'ai ressenti comme une lueur d'espoir. C'était l'occasion, le temps d'un court fragment d'histoire, de renouveler un peu la recette, proposer quelque chose de plus ramassé et donc de plus viscéral, et de potentiellement corriger ce qui m'avait déplu dans l'histoire principale. Et je me suis dit que quoi qu'il arrive, ce serait sûrement l'occasion d'avoir un film de série qui fait des efforts pour proposer une aventure concise et vraiment grandiose, comme l'était le film Demon Slayer récemment par exemple.


Malheureusement, vous connaissez la fin de l'histoire via la note... Ca ne s'est pas amélioré du tout au contraire, le récit n'a rien de nouveau puisqu'on retrouve à 80% des personnages déjà connus des saisons précédentes (et donc ridicules et inintéressants...), le nouveau héros a une histoire qui pouvait avoir un potentiel mais qui n'est absolument pas bien exécutée (un flashback qui tourne en boucle 3 fois dans le film et où on ne voit quasiment rien) : les scénaristes n'ont absolument pas transformé l'essai et on retombe dans les mêmes écueils que la série. Ca empire même puisqu'on perd aussi beaucoup en intensité : où sont passés les combats divins ? Le film reste extrêment timide, on est juste sur du fight de fléau pourri comme au début de la saison 1, et même quand on a une grosse construction autour d'une bataille finale ultime, tout est expédié très vite et sans superbe avec des petites altercations en coin de rue ! Gojo qui est littéralement Saitama l'homme qui a tous les pouvoirs se bat 1 minute 30 contre un Indiana Jones eco+ avec les pieds et poings, et le duel final du héros se règle avec 4-5 coups de sabre (chiffre réel) et quelques griffures de son stand. Crachat ultime au visage : le méchant final qui lance une attaque ultime qu'il avait préparé depuis des années, 4000 démons en même temps + un démon ultime de niveau S invoqué pour qu'on en arrive à quoi... une explosion atomique au ralenti sur une petite musique, terminé. Aucune attaque, aucun combat, aucune animation pour ce duel, quel est le projet ? On voit que le démon a un design bien particulier mais ça servait à quoi de le montrer (et la spirale de goudron dégueulasse là... summum du ridicule et des designs insipides) ? Je ne parlerai même pas de la team du méchant qu'on voit apparaître (des petites filles, un mec avec des cœurs à la place des tétons) et qui ne servent ABSOLUMENT A RIEN ILS NE FONT RIEN DANS LE FILM. Quel est le projet et vous avez apprécié ça vraiment ? Mais il va falloir que vous revoyez vos standards sérieusement on est à 100 000 lieux de l'intensité du film Demon Slayer, et c'est pas même pas le meilleur de la Japanim quoi ! Désolé je me suis encore énervé tout seul en écrivant mon avis, qui n'est que le mien d'ailleurs donc encore une fois si vous avez apprécié le film ça ne regarde que vous et vous avez bien raison. Mais quand je pense que des gens se sont mis torse nu et ont simulé des orgasmes au Grand Rex pour ça... bordel mais si seulement vous saviez ce que c'était de la vraie action et de la vraie intensité ! Vous feriez un arrêt cardiaque face à certain films.


Au final l'occasion que Jujutsu Kaisen avait de transformer ce qui faisait les faiblesses et la trop grande simplicité de son histoire n'a absolument pas été saisie, et on se retrouve avec un film qui manque de générosité à tous les niveaux. Pas d'émotion à part des blagues de bas étage et de la tristesse pour enfant qui font peu souvent mouche, pas de démesure dans les combats, pas de libération de sa trame principale, en bref AUCUNE générosité dans un film qui n'ose ni montrer le baiser qu'échange le héros avec sa dulcinée à la fin ni les meurtres qui se font en hors-champ dans la scène avec le businessman. Vous pouvez circuler sérieusement, y'a rien à voir...

Tomega
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le 23 mars 2022

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