Je me suis demandé.e si j'allais faire une critique du film ou du film comparé au premier. Je pense que l'option « les deux » s'impose. Pourquoi ? Car Jurassic World sent le remake à plein nez.


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Critique 100% avec spoiler



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Je n'avais pas tant d'attente que ça, je tiens à le préciser.


Commençons avec l'introduction. Première bourde, la bestiole sort de l'oeuf avec un effet numérique affreux, et surtout avec sa patte. Bon. On en a déjà parlé mainte et mainte fois, les dinosaures sont des cousins des oiseaux. Et avec quoi les oiseaux brisent leur coquille ? Avec leur bec. C'était d'ailleurs bien monté dans Jurassic Park.
Passons.
Nous avons devant nous une galerie « complexe » de personnages, qui se croisent, s'entre-croisent, au point que ce soit vite lourd.
- Je big-up d'ailleurs le « méchant » humain, qui grille sa couverture auprès du public tant son jeu et surtout son rôle sont bancals.
- Les enfants sont agaçants, bien que la curiosité et l'émerveillement de Gray soit rafraîchissante, la scène du « ouin-ouin nos parents vont divorcer » est exaspérante, tout comme la tendance de Zach à draguer avec les yeux tout ce qui porte une jupe ou un short.
- Claire incarne le parfait stéréotype scénaristique de la femme control freak. Elle porte un tailleur, des talons, une coiffure impeccable et ne veut ni amour ni enfant. Bien évidement, son évolution sera plus que prévisible, avec en prime divers sprints sans la jungle sans perdre une seule chaussure. Ah et au passage : ça n'est pas parce que tu noues ta chemise comme Ellie, que tu as sa classe.
- Le personnage d'Owen m'a beaucoup moins déçu. Bien qu'il s'approche du héro baraqué, il était bien interprété malgré un scénario basique (un baiser ? Franchement ? Et une réplique de fin tellement... bref. Cliché).
- Dr Henry Wu. Un mot : Pourquoi ? Non vraiment ? Pourquoi l'avoir fait revenir en mode «Dr Frankenstein » ? N'a-t-il rien appris en 20 ans ? On aurait pu croire que son personnage allait être plus sage, mais non. Loin du sympathique Docteur du premier film, nous avons juste là un super connard.
- Petite mention spéciale pour les personnages de Barry (joué par Omar Sy) et Lowery (Jake Johnson), qui étaient parfaits en leur genre. Sans ironie aucune. Se sont les rares personnages que l'on trouve réellement sympathiques et proche du Jurassic Park que l'on affectionne tant.
- Les spectateurs ? Une simple masse, de la chaire à dino qui aurait pu être bien mieux exploitée.
Bref, nous avons là une galerie banale de personnages banaux, qui reprend plus ou moins le même schéma que dans le premier volet de la saga.


Continuons avec le décor, l'ambiance, la photographie.
Je ne sais pas pour vous, mais quand on me dit « Jurassic Park » je pense « chaud » « humide », « tropical ». Le logo lui même figure ça. Et comme le logo de Jurassic World nous le montre, nous arrivons dans une ambiance plate, léchée, froide. En somme, même Disneyland fait mieux.
La scène de la découverte de l'île est mal réglée. L'utilisation abusive du thème de John Williams, qui met tout de même des frissons, ne suffit pas. Les images ne donnent pas tant envie que ça.


Est-ce que je dois vraiment parler des dinosaures ?
Pourquoi ? Pourquoi tant d'images de synthèses ? Pourquoi ne pas avoir utiliser plus d'animatroniques ? Là encore il y a une utilisation abusive. Oui, cela donne une meilleure fluidité, mais l'on sent clairement que c'est uniquement pour aller de paire avec la 3D, pas pour la crédibilité. Pas pour le réalisme.
- L'Indominus rex aurait pu être lui aussi plus crédible. Mais non. Non car trop montré. Le manque de subjectivité et l'espèce de « rationalisation bâtarde » de son comportement ne sont en rien effrayantes. Pourtant, l'idée de plusieurs croisement génétiques était bonne.
- Les raptors : Dresser des raptors ? Pourquoi pas. Qu'ils retournent leur veste pour un autre alpha ? Passe encore. Qu'ils communiquent en mode « adieu maître, va-t-en maintenant » non. Non. NON. Ce ne sont pas des york-shires. Ce sont des dinosaures. Et en plus ils n'ont toujours pas de plumes ! Je pensais que le troisième opus de la saga nous avait fait passer une cap, mais visiblement non. Invocation de la carte ADN « on fait ce que l'on veut avec la génétique ». Soit. Mais ne soyons pas injuste : la scène de poursuite dans la jungle avait quand même un peu de gueule.
- Le T-rex. Ah le gentil petit T-rexbien absent du film... jusqu'à la fin. Ça galope pourtant vite ces bestioles là. Alors comment une personne montée sur des talons de 12 cm peut le distancer ? Avec la magie d'un scénario bidon. Pointons aussi du doigt l'effet visuel sur sa peau. Vraiment crade. On est loin, du tour de force qui nous a fait trembler dans Jurassic Park. Quand à son cri... Il n'y avait pourtant rien à changer, mais ils l'ont fait quand même.
Bref il n'était là que pour faire plaisir aux fans. Je ne crois pas que ça ait marché.
- Et enfin, les ptérodactyles. Oui, on y a eu le droit. Ce cliché du ptérodactyle qui attrape une personne par les épaules pour la soulever dans les airs. Pire. L'un d'eux à fait ça avec un tricératops. Un jeune certes, mais d'une bonne taille. Je crois qu'à cette scène du film, j'ai caché mon visage d'une main en mode facepalm ultime.


Parlons un peu du scénario. J'ai bien envie de dire « bancal » mais je crois que « surchargé » est bien mieux.
Jurassic Park avait aussi quelques défauts. Que ce soit dans le scénario ou dans la mise en scène/en espace. Mais il avait de la crédibilité. Comment ? Pourquoi ? A cause du livre peut-être ? Du réalisateur ? Quoi que ce soit, ça marchait. Ici non.
Entre le placement de produit à outrance et les références pour-faire-plaisir-aux-fans, on ne s'en sort pas. Ce qui ma également choqué, c'est le pompage sur Alien. Oui. Sur Alien.
Bref, avait-on besoin de moments comiques forcés ? Non. Avait-on besoin de scènes quasiment copiées/collées ? Non plus.
L'attachement aux personnes est difficile. Peut-on pleurer la « nounou » anglaise quand elle se fait torturer et manger ? Non. Même pas un peu de compassion. Il en va de même pour les autres d'ailleurs.
Ce qui aurait été bien, c'est une progression de cause à effet bien mieux modulée. Voir même une reprise d'éléments des livres, qui n'ont pas été exploités dans les trois premiers films. Des personnages moins plats. Une vision moins « omnisciente ». Une musique plus « claire » (moins chargée). Des références discrètes (comme les lunettes infra-rouges qui passaient crème). Du suspens, de la tension. Car à part des jump-scare, je n'ai pas eu réellement peur. Il y a un manque flagrant de subtilité, et beaucoup de scènes qui pètent dans tous les sens. Aucun frissons réels.
Le coté « course » contre la montre manque cruellement. De fait, les « moments de répits » sont inexistants.
J'ai clairement l'impression que la devise du film est « faisons tout péter ! Ça rendra mieux en 3d ».
Et enfin... Faut-il réellement mettre une histoire d'amour dans les films ? Non. Il a été prouvé à plusieurs reprises que ça n'était pas nécessaire pour faire une bonne œuvre. Généralement, ça dessert plus l'histoire qu'autre chose. C'est ce qui se passe ici.


Et la fin ?
Rien. Le seul soupire de soulagement est celui de sortir de la salle de cinéma. Aucun relâchement de tension, vu la mollesse de l'intrigue.
En sortant de la salle, j'ai coulé un regard vers mon pote. Ne voulant pas l'influencer je lui ai posé cette fameuse question en premier « Alors ? ».
La déception était rude. Violente même. Au point de catégoriser ce film comme digne de passer sur NT1 à 00h30.
Bref à vouloir faire « plus » on en fait trop. Voila ce qui a dû se passer pour Colin Trevorrow, qui, à mon sens, signe le plus mauvais film de la saga. Oui même le trois passait mieux niveau crédibilité. Car oui, il est question ici de crédibilité.


Bref, je vais dès à présent me laver les yeux et l'âme en regardant Jurassic Park. Le vrai.

Ji_M
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le 11 juin 2015

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J. M.

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