Tant d'attente pour un résultat mitigé...

Quatorze ans ans après la sortie du 3ème opus, soit plus de 21 ans après le premier film de la célébrissime saga initiée par Steven Spielberg, Jurassic World est enfin dans les salles. Attendu par de très nombreux fans comme le retour de l’un des meilleurs films d’aventure qui soit, ce quatrième film, que l’on pourrait sans risque qualifier de reboot de la franchise, a une certaine pression sur les épaules. Va-t-il réussir son coup et remettre les dinos sur les rails, ou sera-t-on devant un énième blockbuster à pognon de plus dans le vaste Hollywood? A mon sens, la réponse se trouve quelque part… entre les deux.


A première vue, « Jurassic world » ne prend pas en compte les événements survenus dans « Le monde perdu » et « Jurassic park III ». Il pose le postulat selon lequel le parc a finalement pu voir le jour, et fait même un carton auprès du public. Un rêve devenant réalité pour les fans, qui n’ont à l’époque jamais pu voir le parc ouvrir ses portes au public.


L’une des responsables marketing du parc, Claire (l’un des personnages principaux), se rend compte que le public est à la recherche de plus spectaculaire, et que la côte du parc commence lentement mais sûrement à décliner. Parallèlement aux attractions existantes, les ingénieurs du labo continuent d’œuvrer dans l’ombre en manipulant la génétique (comme ils l’ont toujours fait). Et Claire a maintenant une nouvelle corde à son arc pour relancer l’activité du parc : un nouveau dinosaure baptisé « Indominus rex ». Et bien sûr, rien ne va se passer comme prévu…


Pour toucher un large public, il était important de viser juste, en proposant à la fois un divertissement convaincant et effrayant afin de plaire à la jeune génération n’ayant pas ou peu été familiarisée avec la saga d’origine, mais aussi, un spectacle familier pour celles et ceux qui ont tremblé devant les raptors de Spielberg.


La première sensation que l’on éprouve au bout des deux heures de Jurassic world, c’est cette volonté appuyée de faire du fan service. Depuis le générique jusqu’à la séquence finale, tout nous rappelle les précédents films. Cela peut être un simple caméo (les imperméables jaunes du premier volet aperçus en arrière plan, l’ingénieur qui achète un tee-shirt « Jurassic park » sur eBay, la volière des ptérodactyles,…), mais aussi carrément des séquences entières rappelant le premier opus (comme Claire usant d'un fumigène pour attirer l'oeil de l'indominus).


Et je vais donc arracher tout de suite le pansement : ce parti-pris est à la fois la force et la principale faiblesse de « Jurassic world ».


Au début, c’est carrément chouette de repérer les clins d’œil. Et en fait, c’est même pratiquement l’unique véritable intérêt, car d’un point de vue scénaristique, « Jurassic world » ne fait pas vraiment dans l’originalité. Et d’ailleurs, ce n’est pas l’objectif poursuivi. A défaut de faire avancer la trame originale, Colin Trevorrow a préféré proposer un divertissement haut de gamme en reprenant des mécaniques de mise en scène éprouvées (en plus moderne, évidemment), animées par des effets visuels impressionnants. Sauf qu’en 1994, de tels effets avaient bluffé le spectateur. Mais en 2015, surprendre le spectateur est une autre paire de manches, ce qui fait qu’on ne peut plus tout miser sur le visuel d'un blockbuster pour en faire un must. Et de surcroît donc, on a droit à un scénario à la fois bateau et trop similaire à celui de son aîné. Résultat : difficile de ressentir cette peur, et toutes ces sensations qui nous avaient immergé à l'époque, puisqu'on a juste l'impression de regarder Jurassic Parc en plus moderne...


Trois fois dommage, car le fan service a de quoi en enthousiasmer plus d’un, et la super BO d’époque n’a pas changé d’un pouce. Mais une fois qu’on a traversé les deux heures en ligne droite, sans avoir été bousculé ne serait-ce qu’un peu, et sans que le scénario nous ait fait tressaillir au moins une fois, on se rend compte que « Jurassic world » fait davantage office de reboot que de véritable suite venant enrichir la saga.


C’est d’autant plus explicable qu’un cinquième film est déjà à l’étude. Si effectivement, il s’agit d’un reboot, pourquoi ne pas avoir tranché dans le vif en innovant davantage ? Pourquoi avoir repris un duo d’enfants et un héros quasi identiques (même si Chris Pratt assure pas mal) ? Pourquoi avoir mis au premier plan un monstre lui aussi presqu'identique au T-rex comme ennemi principal, au lieu de se concentrer par exemple sur les mercenaires d’Ingen ou même les ingénieurs jouant à Frankenstein ? Et bordel, pourquoi se contenter de refaire les mêmes séquences ou presque ?! ... Alors qu'il y a carrément matière à se renouveler...


A trop vouloir faire plaisir aux fans, la nostalgie enlève au film toute sa personnalité. Ce n’est pas la première fois que ce genre de défaut apparait. L’autre exemple frappant à Hollywood reste sans conteste « Predators », troisième volet de la saga éponyme sorti en 2010 avec Adrian Brody et Lawrence Fishburne. Cet épisode réalisé par Nimrod Antal était si proche du premier volet de John McTiernan qu’il a carrément été conspué par les fans. Une déception car le film en lui-même n’était pas si mauvais.


Sans atteindre les mêmes sommets de "copié collé" de Predators, « Jurassic World » laisse pourtant un arrière goût similaire. Et si la volonté de la production était de proposer un reboot, je ne vois pas du tout l’intérêt de raconter exactement la même chose de la même façon (si ce n’est pour se faire un max de pognon en surfant sur une licence à succès... mais ils n’oseraient quand même pas faire ça……).


Certaines idées abordées par le film apportent tout de même de la fraîcheur au scénario original, comme l'idée de raptors domptés par les humains. Mais ce n’est que survolé. Une idée seulement exploitée pour le spectacle alors que cela pourrait constituer un excellent levier scénaristique. Certaines séquences par ailleurs plutôt épiques permettent au film d’assurer le show, mais c’est aussitôt gâché par le déséquilibre de l’écriture des personnages. Certains d’entre eux auraient gagné à être plus consistants (le patron d’Ingen, le chef des scientifiques déjà présent dans le premier volet, ou même Omar Sy, quasi figurant), tandis que d’autres agacent tellement qu’on voudrait les voir se faire bouffer par l’Indominus. Et là, ceux qui ont vu le film savent de qui je parle : Claire, la fameuse rouquine, tellement énervante et inutile qu’elle en devient caricaturale. Problème : elle n’a pas sa place dans le casting de tête et aurait du rester au second plan. Au lieu de ça, l’intrigue est affublée d’une histoire d’amour tirée par les cheveux avec le personnage de Chris Pratt…


CONCLUSION :
Difficile de bouder son plaisir lorsque l’on entend l’annonce d’un nouveau « Jurassic Parc », surtout quand notre âme d’enfant n’a pas oublié les hurlements du T-Rex, les répliques cultes et la BO super entraînante. Pourtant, malgré des effets visuels époustouflants et les TRES nombreux clins d'oeil rappelant à chaque instant l’œuvre originale de Spielberg, le film souffre d’un scénario feignant et sans ambition, doublé d’un manque d’imagination flagrant à la mise en scène, au point de reprendre la plupart des meilleures séquences des films précédents. Ce qui fait de « Jurassic world » une sorte de remake / Best of de petite envergure qui aurait gagné à être travaillé davantage pour réellement marquer les esprits.


VOIR L'INTEGRALITE DE LA REVIEW ICI :
http://www.unoeilsurlecran.com/#!jurassic-world/c1gz

Ri_Tchy
5
Écrit par

Créée

le 30 août 2015

Critique lue 177 fois

Ri Tchy

Écrit par

Critique lue 177 fois

D'autres avis sur Jurassic World

Jurassic World
Matrick82
6

De l'art de poser délicatement ses couilles sur la table en passant néanmoins pour un gros cochon...

Vous vous souvenez de cette période (il y a un an ou deux) ou on apprenait avec horreur que le film comportait une bande de vélociraptors dressés, aidant à lutter contre un vilain dinosaure...

le 10 juin 2015

141 j'aime

35

Jurassic World
Sergent_Pepper
3

Les arcanes du blockbuster, chapitre 19

[Mes excuses préalables à Zombiraptor pour les nombreuses approximations scientifiques dans la dénomination des animaux des temps anciens] Sur la table en acajou, une pile de livres remplace la...

le 3 oct. 2015

114 j'aime

7

Jurassic World
JimBo_Lebowski
3

Monstre froid

Attention cette critique contient des spoilers : Voilà, comme ça au moins je pourrais dire que j’ai vu tous les Jurassic Park au cinoche, le premier reste pour moi un souvenir impérissable qui à 8...

le 12 juin 2015

89 j'aime

9

Du même critique

Borderline
Ri_Tchy
6

Aurait pu mieux faire...

... Et croyez-moi, il me coûte de dire cela. Je suis un fan absolu du travail d'Olivier Marchal. Ex-flic depuis 2001 et reconverti dans le cinéma, Marchal dispose d'une filmographie assez peu fournie...

le 28 oct. 2015

3 j'aime

Lucy
Ri_Tchy
4

Le retour de Luc Besson ? Ce n'est pas encore pour cette année...

Vous pourrez me dire tout ce que vous voulez : pour moi, Luc Besson, c'est quatre films : "Le Grand bleu", "Nikita", "Leon" et "le Cinquième Elément". Tout ce qui est venu après cette époque n'est...

le 17 déc. 2014

2 j'aime

24 : Live Another Day
Ri_Tchy
7

Un jour de plus au paradis...

Aujourd'hui est un jour historique pour les fans de Jack Bauer. Après Quatre années d'absence et sans le moindre indice sérieux d'un hypothétique retour du héros (hormis les rumeurs concernant un...

le 27 mai 2014

2 j'aime