Que pouvons-nous attendre de la suite d’un des super-hero movie les plus déjantés qui puissent exister ? D’un second opus dont la production s’est faite dans le plus grand secret (il faut bien le dire : le film s’est fait connaître quelques mois avant sa sortie) ? D’un film jugé trop violent par l’un de ses acteurs (il s’agit de Jim Carrey) alors que les bases de cet univers reflètent la violence même ? D’une saga qui voit son initiateur cinématographique (le réalisateur Matthew Vaughn) qui refuse de reprendre la barre, remplacé du coup par un parfait inconnu (Jeff Wadlow) ? De nombreuses questions qui n’ont qu’une seule réponse : ce qu’on attend, c’est bien évidemment des références au genre, des acteurs qui s’éclatent, des scènes d’action hardcore, un humour politiquement incorrect et surtout des fous rires. Comme pour le 1er opus !

Il me vient en tête la réplique du Colonel Stars & Strips joué par Jim Carrey : « Essayez de vous amuser. Sinon c’est vrai, je n’vois pas l’intérêt ! ». Une citation qui devait résumer à elle seule le film dans son intégralité. Mais attention, il faut savoir lire entre les lignes ! Il est dit « Essayez » et non « Amusez-vous ». Une remarque qui s’applique à l’équipe du film, qui ont tenté de réitéré l’exploit de l’opus précédent et de ce qu’avait fait Matthew Vaughn pour le permettre. Mais quand on « essaye », on ne réussit pas forcément. Et avec Kick-Ass 2, la tentative se finit malheureusement en échec.

Pas forcément au niveau de l’histoire, cette dernière reprenant parfaitement là où nous avait laissé son prédécesseur. À savoir la naissance de nouveaux héros suite au phénomène Kick-Ass, la jeune Hit Girl devenue ado qui tente de se faire une place dans la vraie vie sans toutefois vouloir raccrocher son costume, Kick-Ass à la recherche de partenaires, le jeune Chris d’Amico ivre de vengeance (notre héros ayant littéralement pulvérisé son père au bazooka) qui délaisse Red Mist pour devenir le super-vilain Motherfucker… Un scénario qui veut s’intéresser à ses personnages et nous les livrer travaillés comme il se doit. D’ailleurs, Kick-Ass 2 fait la part belle aux moments intimes qui creusent nos protagonistes au plus profond de leur être. Notamment sur leurs envies, les conséquences de leurs actes et les questions de moralité. Seulement voilà, nous n’avons pas affaire à un Batman de Nolan ou un Spider-Man de Sam Raimi mais à Kick-Ass. Ce qu’on veut, c’est de la violence et de l’humour déjanté au possible !

Et c’est là que le bât blesse car Kick-Ass 2 ne parvient pas à retrouver le niveau cruellement jubilatoire du 1er opus. Il y a bien quelques moments et répliques qui font mouche (comme la séquence d’ouverture, hilarante). Mais la plupart du temps, ces dernières visent un peu trop souvent le bas de la ceinture. Allant même jusqu’à se risquer dans l’indigeste (c’est le cas de le dire !) de l’humour caca prout, avec une scène de vomi et de diarrhée instantanée (vraiment dégueulasse à voir, franchement !!). En faisant cela, le comique propre au premier film perd de sa superbe, devenant bateau et pas assez déjanté. Laissant la place à beaucoup trop de niaiseries que l’on croyait interdite dans ce genre de film, mais aussi à des moments qui sentent bon l’American Pie ou autres films de campus à la libido en surcharge (les pin-up du lycée façonnant les moches à leur image, la leadeuse voulant se venger quand elle est dépassée niveau performance…).

En perdant son humour ravageur, Kick-Ass 2 laisse également en chemin les références au monde des super-héros. Si quelques clins d’œil sont prononcés ou montrés (le duo Batman et Robin, l’esprit d’équipe…), ils ne se montrent pas aussi prononcés que dans le premier. D’ailleurs, rappelez-vous de la mise en scène et du montage du film de Matthew Vaughn. Chaque plan et effet renvoyait directement aux comics dont s’inspirent ces films. Allant jusqu’à rajouter à l’image des bulles et autres narrations encadrées (pour les indications spatio-temporelles), telles une bd. Cela donnait beaucoup de charme au premier film. Ici, ces ajouts ne sont que trop peu utilisés et du coup, ne représentent aucun intérêt.

Pour le côté divertissement, il faut bien admette que Kick-Ass 2 se présente comme une petite récréation avec quelques drôleries et bastons signées Hit Girl. Mais n’arrive pas à amuser pleinement. Une fois le générique de fin entamé, il vous arrivera sans doute de vous demander « Et c’est tout ? ». Le problème de cette suite provient de son côté trop « gentillet ». Pas assez de séquences vraiment violentes ni d’humour culoté. Ce qui empêche de nous éclater mais également les comédiens. Ça surjoue au possible, sans qu’aucun ne parvienne à faire vivre leur personnage respectif : Aaron Taylor-Johnson (Kick-Ass) ne fait plus autant pitié, Chloë Moretz (Hit Girl) est souvent à côté de la plaque. Même Jim Carrey (que vous ne verrez pas longtemps, je vous préviens : ne vous faites pas avoir par l’affiche promotionnelle !) répond présent que pour encaisser son cachet (à quand reverrons-nous l’acteur d’Ace Ventura, The Mask, Batman Forever et Menteur, menteur ?). Seul Christopher Mintz-Plasse (Motherfucker) amuse la galerie avec plaisir. Mais sinon, tous mène leur rôle sans conviction, dans un déballage de réplique puériles et excessivement vulgaires. En passant par des séquences d’action moins violentes (même si certaines, comme le coup de la tondeuse à gazon, ont un impact non contestable), aux effets spéciaux loupés (le fond vert se fait remarquer, le manque de crédibilité lorsque le loubard se fait trancher la main…) et qui n’ont pas le punch nécessaire pour en mettre plein la vue.

Ne reste qu’à Kick-Ass 2 de nouveaux personnages hauts en couleur et aux pseudos significatifs (Night Bitch…) ainsi que de moments qui font sourire. Mais cette suite n’avait pas le droit de n’être qu’un film pour ados (c’est vraiment l’impression que cela donne !). L’équipe du film à essayer de nous amuser mais n’y sont pas parvenus. Du coup, « je n’vois pas l’intérêt » de cette suite. Si ce n’est de réitéré le petit succès commercial du 1er opus. Seulement voilà, vu comment se présente cette suite, c’est plutôt mal barré !

Créée

le 24 août 2013

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