Je me souviens -sans me prendre pour Perec- du moment où les plus cinéphiles d’entre nous, avons découvert Takeshi Kitano (son nom comme une rafale !) : au mois de mai 1995 avec Sonatine, film incroyablement décalé à l’humour noir et glaçant sur les tribulations -mortelles- d’une petite bande de yakuzas. Cela nous avait bien séché à l’époque.
Dans Kids return il y a encore quelques Yakuzas, mais c’est avant tout un film sur l’adieu à l’adolescence. L’insouciance que l’on doit quitter, grandir, avec ou sans espoir; se résigner souvent. C’est amer bien sûr puisque c’est du Kitano.
Masaru et Shinji n’aiment pas le lycée, ils n’y font rien hormis quelques crétineries, agrémentées parfois de racket. Après un mauvais retour d’un rackété vengeur, Masaru veut se mettre à la Boxe… et Shinji se révèlera bien meilleur élève, et espoir. Suivant que l’on se montre bien inspiré dans ses influences la vie propose et nous, disposons. C’est l’histoire parallèle de ces deux branquignoles, avec celle, en discret filigrane, d’un bon élève qui ne pourra pas aller en Fac, qui sera contraint de prendre un job puis un autre; amertume : continue de nous dire Kitano.
Nous n’avons pas là un grand Kitano, comme le seront après Hana-bi (97) ou encore le visuellement superbe Dolls (02) mais ce film loin de faire tâche dans la filmo Kitano, confirme les obsessions du réalisateur : la vie a souvent un goût amer, la violence des Yakuzas… entre nostalgie et autodestruction.
EB
CineVu