Beaucoup disent que ce second volume de Kill Bill est inférieur à son prédécesseur. Plus long, plus de dialogues, moins d’action (on est plus du tout au Japon). Bref, cette deuxième partie de l’épopée sanglante de la Mariée est radicalement différent du premier.
Et bah moi, je trouve ça bien mieux. Le premier volume se regardait pour ses scènes d’actions, les tentations de Tarantino pour nous proposer une mise en scène innovante et rafraichissante. Kill Bill vol.1, c’était vraiment un film cool mais il manquait juste une chose pour que ça soit un chef d’œuvre total. De l’émotion.
Et c’est tout ce qu’il y a dans cette dernière partie, de l’émotion. Dans le premier, la Mariée ne fait que tuer à tout va dans un simple but de vengeance, certes justifié, mais très meurtrier. Dans cette suite, le scénario s’attarde plus sur les raisons de son combat et les conséquences de ses actes sur sa personnalité. En bref, la Mariée a droit à un vrai traitement de personnage permettant à Uma Thurman de délivrer tout son talent.
Car bordel de merde, qu’est-ce qu’Uma Thruman joue bien dans ce film. Je l’ai dit, ce film mise sur l’émotion, et ça passe surtout à travers La Mariée. C’est notamment dans le dernier chapitre où tout explosera tel une bombe de révélation (mais j’y reviendrai sur ce dernier chapitre tout juste monumental).
Mais c’est sans oublier le talent de Tarantino pour nous faire rire. Encore une fois, on s’éclate devant ce film, notamment toute la partie avec Pai Mei. Véritable maître des arts martiaux raciste, sexiste et ultra-violent. Et même si c’est un gros connard, il nous fait quand même rire et du coup, on l’aime.
Les combats sont, certes, moins présents, mais demeurent efficaces. Je repense notamment à tout l’affrontement avec Elle Driver, superbement chorégraphié, ou les scènes d’art martiaux avec Pai Mei exquises et pleines d’humour.
Une autre chose que j’admire dans ce second volume, c’est Bill. Probablement le personnage le plus ambigüe de toute la filmographie de Tarantino. Dans tout le premier, on nous vend Bill comme un connard sadique et manipulateur. Puis, on découvre Bill, ce gars au sourire angélique, à la voix sympathique et proche de ses amis (il aime son frère, et ça se voit). Et Bill aime la Mariée. Et c’est ça qui rend le personnage ambigu, on est incapable de savoir à l’avance s’il va se comporter comme un homme amoureux ou s’il va de manière inattendue, provoquer un massacre (comme dans cette incroyable scène d’introduction en noir et blanc). Je n’arrive pas à savoir si Bill est réellement méchant. Car tous ses actes, il les fait soit par amour, soit sous le coup de la colère. Au final, Bill n’est qu’un homme. Tout comme la Mariée est une femme qui a tout perdu et qui cherche à travers sa quête de vengeance, un moyen de rédemption.
Et puis le chapitre final… juste parfait. Je me souviens, j’avais montré ce film dans mon internat et beaucoup s’étaient plaint de ce chapitre final. Pour eux, il n’y avait que du dialogue et le combat final était bien trop court. A cela, je leur réponds que c’est toute cette discussion de vingt minutes qui est l’affrontement final. Le combat aux multiples révélations, avec plein de métaphore notamment tout le monologue de Bill quand il parle de Superman. Et à chaque fois que je vois cet affrontement, j’ai l’impression d’être devant une scène de ménage. Deux personnes qui se ressemblent, qui se sont aimés, mais qui ne peuvent pas retourner en arrière et dont la seule issue est la mort. Et puis merde quoi, qu’est-ce qu’il y en a des révélations. Le tout avec des thématiques sur le meurtre, la maternité, la nature humaine, le couple. Bordel, en l’espace de vingt minutes Tarantino nous fait un portrait vibrant de l’homme dans tout ce qu’il a de plus dégueulasse. Et puis ce final qui est juste parfait.
La dernière mort du film (je ne dis pas qui), est juste parfaite. Sûrement la plus émouvante de Tarantino. C’est classe, triste, épique, on a un sentiment de libération quand on regarde cette mort, et perso, ça me fait vibrer. Bref, Tarantino est le maître !
Pour moi, Kill Bill vol.2, c’est clairement le film le plus profond que nous a servi Tarantino. Un mélange d’action, d’humour, d’émotion, riche en thématiques, plein de réflexions sans tomber dans le lourdingue, sans tomber dans la légèreté. Du grand cinéma.

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le 10 août 2017

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James-Betaman

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