On a tort d'accorder un jugement manichéen au film et le public l'a pourtant reçu ainsi : d'un côté les exacerbés d'un tel gâchis, alors que Malick a du talent, j'ai entendu des amis cinéphiles parler d'une "suite de plans à filtres Instagram", "faussement spirituel", "ni religieux ni profond, juste esthétique et vide" alors oui, je comprends leur vision, mais je perçois différentes lectures au film : il y a celle-ci, le trahit, et puis il y en a une autre, le stupide : il se contente de prendre ce qu'on lui donne, et il en sort inchangé, parce qu'il n'est pas rentré dans le film. Ce terme de "rentrer" dans un film est encore plus intriguant avec Knight of Cups, et cette critique va partir comme le film : métaphysique. Si on admet que oui, c'est de la philosophie sur le prédéterminisme et la phénoménologie de bas étage et qu'on l'accepte ainsi, alors on rentre dans le film. C'est à dire que par son caractère de "fausse spiritualité", on peut être touché, si on accepte de se laisser avoir. C'est un véritable défi que nous pose ainsi Terence Malick : seriez-vous capable d'accepter le film tel qu'il est ? Seriez-vous capable d'être assez intelligemment stupide pour apprécier cette philosophie qui dans sa simplicité, et qui peut paraître niaise, n'en est pas moins universelle. Pouvez-vous ôter vos préjugés et prendre des pensées humaines comme elles sont ? Car le film n'est que l'histoire d'un bourgeois qui a eu tant d'aventures avec les femmes qu'il ne sait plus laquelle est la bonne... Enfin, du moins, au premier abord c'est l'histoire.
La construction du film est pour moi un concept passionnant, elle est divisée en chapitres qui représente chacun une carte de Tarot. Sans forcément connaître l'ésotérisme et les théories des symboliques et des cartes moyen-âgeuses, on peut reconnaître que faire tenir un film sur une partie de tarot révélationnel est en soit une démarche intéressante. Ensuite au delà de ça, nous allons reprendre l'idée de "rentrer" dans un film : puisque nous sommes spectateur de la vie du cher Christian Bale, Terence Malick nous fait nous sentir comme des esprits, par ces mouvements de caméras nous voilà présent, mais désorientés comme le personnage quant il l'est, nous somme l'alter ego de sa pensée, et c'est en cela que Knight of Cups prend sens : Il n'est rien d'autre qu'un jeu. Un jeu entre le metteur en scène et le spectateur. Si je mets cinq sur dix au film, c'est pour être dans l'extrême neutralité avec ce film, je peux autant prendre position pour un parti que l'autre ; car les deux sont argumentés et au final, c'est ça qui me choque le plus : c'est un film que j'adore et déteste à la fois. Mon ressenti est encore assez vague, et c'est vrai que, de ce fait, le film réussi un défi très important : il questionne sur le cinéma lui-même.