Surtout n'ouvrez pas la porte...de la salle de cinéma

"Surtout n'ouvrez pas la porte" peut-on lire sur l'affiche, j'ai presque envie de le remplacer par "Surtout n'allez pas voir ce film", mais ce serait méchant et ce n'est pas dans mon caractère, enfin.... Knock Knock est un remake du film de 1977 The Seducers, avec Colleen Camp. C'est grâce, où plutôt à cause d'elle qu'Eli Roth s'est lancé dans ce projet. Elle lui a soufflé l'idée, fait une apparition, tout en étant productrice, tout est une question de business, car niveau artistique, on est pas loin du néant.


Evan Weeber (Keanu Reeves) se retrouve seul, après le départ de sa femme et de ses enfants pour le week end. Lors d'une nuit orageuse, deux jeunes femmes en détresse frappent à sa porte, Genesis (Lorenza Izzo) et Bel (Ana de Armas). En les laissant entrer dans sa demeure, le cours de sa vie va prendre un tournant auquel il ne s'attendait pas....


Eli Roth a voulu faire un film à la Basic Instinct, où comme dans un vieux Roman Polanski. Il a des références, mais en sortant de la séance, ça prête à sourire. Mais quand il dit avoir été influencé par Alfred Hithcock et David Lynch, alors là c'est le fou rire. Il a de l'ambition, surement un gros ego mais surtout aucun recul sur ses œuvres mineures, flirtant constamment avec le direct-to-dvd. De Cabin Fever, en passant par ses Hostel jusqu'à ce thriller faussement subversif, mais réellement ennuyeux, sa filmographie ne plaide pas en sa faveur. Avoir des références et influences, c'est bien, mais avoir du talent, c'est mieux.
Sa réalisation est plus maîtrisée que dans ses précédents navets, le huis clos semble mieux lui convenir. Mais dès que le rythme s'accélère un peu, il semble pris de panique et perd le contrôle de ses nerfs. C'est surement dû à la présence de Keanu Reeves devant sa caméra, il faut dire qu'il n'a pas vraiment l'habitude d'avoir une star à son casting. A moins que cela le fait de filmer sa femme Lorenza Izzo, flirtant avec celui-ci. Alors que la réponse est surement toute simple, c'est juste un tâcheron, qui a la chance d'avoir Quentin Tarantino parmi ses amis et de faire des bénéfices avec ses films navrants.


Pourtant le début du film n'est pas si mal, même si comme souvent, on sent qu'il a plusieurs fois la possibilité de se débarrasser de ces deux nymphettes. Eli Roth se sert bien de l'espace de la vaste demeure de Keanu Reeves, en la rendant étroite, comme ses couloirs. On se sent pris au piège, comme une souris dans un labyrinthe. L'atmosphère est pesante, on attend qu'elles passent à l'action. On sent aussi le malaise du "héros", se déplaçant constamment d'une chaise à l'autre, pour éviter le contact, alors qu'elles viennent le provoquer avec une main posée sur son épaule, où en racontant leurs vies sexuelles. Elles jouent avec lui, alors qu'il pense maîtriser la situation. Un homme face à deux jeunes femmes, cela se croit supérieur aussi bien physiquement, qu'intellectuellement, douce illusion.
La suite est moins réussie, beaucoup moins....Le film s'effondre lamentablement, à l'image du jeu de Keanu Reeves, en faisant trop, beaucoup trop....C'est Lorenza Izzo qui prend les rênes et ne va pas les lâcher. Elle est impressionnante dans sa folie, tout en évitant d'exagérer. Elle est flippante par son regard, même si le film ne l'est plus au fil des minutes. Ana de Armas se retrouve éclipsée par le charisme de sa partenaire. Elle a un côté Miley Cyrus dans son attitude, sa coupe de cheveux et sa façon de se mouvoir à quatre pattes. Elle est aussi fade et superficielle que celle-ci. Elle mise tout sur sa plastique et cela devient vite lassant.


Elles sont comme deux vampires, à partir du moment où elles sont invités à entrer, c'est le début de la fin. On peut aussi y voir une projection de la relation entre Eli Roth 43 ans et Lorenza Izzo 26 ans. Comme on peut penser à l'éprouvant Funny Games de Michael Haneke. Effectivement, on trouve de tout dans ce film manquant de mordant. C'est aussi une preuve de son absence d'originalité. Cela reste un long-métrage "gentil", alors qu'il donnait l'impression de vouloir un peu bousculer les codes. Cette absence d'ambition, pénalise fortement la pseudo intrigue se traînant en longueur et qui tente de nous surprendre sur la fin.


Pour son cinquième film, Eli Roth n'a toujours pas l'étoffe d'un bon réalisateur et surtout pas de scénariste. Son seul vrai talent est de donner envie de voir ses films, c'est pour ça que Green Inferno est attendu, alors que cela sera surement un nouveau navet de sa part. Il est surtout sur un créneau où la concurrence se retrouve souvent direct-to-dvd. C'est un businessman et rien d'autres.

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le 28 sept. 2015

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Laurent Doe

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