Un joyau de l'espionnage (et de la couronne)

Je ne sais pas si le hasard fait bien les choses, mais j'ai enchainé Jeux Dangereux et L'Affaire Cicéron à un soir d’intervalle. Bien m'en a pris alors de voir ces deux chefs d’œuvre traitant de la Seconde Guerre Mondiale.


J'ai d'ailleurs retrouvé, il me semble, une ouverture de film à la Lubitsch, assez satirique mais bondieusement intelligente ! A partir de là, j'ai de suite compris que ce Mankiewicz allait me plaire.
Mais j'avais confiance, le film d'espionnage est un art difficile. Il faut être suffisamment minutieux pour ne pas tout révéler tout en révélant assez pour que le spectateur puisse suivre. On pouvait ainsi faire confiance à Joseph pour cela.


Il s'en trouve certainement l'un des meilleurs films d'espionnage. Interprété par un James Mason toujours aussi bon en majordome/espion, métiers auxquels il consacre tout son temps. Aussi bien dans l'un que dans l'autre. Accompagné de Danielle Darrieux en comtesse Staviska (simple ironie de la proximité du nom avec le symbole de la Svastika) plus joueuse et trompeuse que jamais.


Le plus dingue là-dedans, ce n'est pas tant le jeu d'espionnage. C'est la tromperie quasi constante qui règne entre tous les protagonistes : Cicéron, Staviska, anglais et Nazi. Chacun défend sa poire et chacun son stratagème pour cordialement mettre l'autre au fond des cordes. Mais tout cela ! On ne le sait pas ! C'est à dire qu'en plus de balader les personnages dans une histoire rocambolesque mais vrai ! Le spectateur est aussi franchement pris pour un con et on lui dit clairement à la fin. Car tout le monde au final s'est bien fait niquer même ceux qui croyaient y gagner.
Au final le seul qui gagne à la fin et c'est rageant :


Les anglais !


Mankiewicz livre encore un film dont lui seul a le secret. Une direction artistique fantastique, une adaptation magistrale d'un fait dingue de la Seconde Guerre Mondiale. Merci maitre Mankiewicz.
Tout cela accompagné encore une fois d'une BO signé Bernanrd Hermann. L'Affaire Cicéron fait partie de ces très grands films intemporels qui traverseront encore beaucoup d'année, je l'espère !

Halifax

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