L'Affrontement
6.6
L'Affrontement

Film de Paul Newman (1984)

Père et fils dans "le grand pardon" !

Fascinants yeux bleus !
Vu sous l'angle masculin, de quoi en être vert de jalousie !
Vu sous l'angle féminin, de quoi en rosir de plaisir fantasmé !
Oui, à l'orée de la soixantaine, l'incomparable charme de Paul Newman opérait encore, voire plus que jamais. Pour le vérifier, visionner "L'Affrontement", son 4e film en tant que metteur en scène. Avec, au bout de près de 2 h de projection, cette conviction : devant ou derrière la caméra, Newman est bien l'une des figures emblématiques du cinéma américain. Et comme avec ce film il se dirige lui-même, le plaisir cinéphilique est donc double.
Il y reste aussi fidèle à ses personnages récurrents, meurtris parce que vivant douloureusement une étape clé de leur vie. Ce qui les amène à être autant en conflit avec les autres qu'avec eux-mêmes. Pour une fois, la traduction française du titre original ("Harry and son") ne dénature pas l'histoire. Celle-ci repose sur l'analyse des rapports difficiles entre une homme qui a perdu sa femme depuis peu et son fils effectuant la déstabilisante mue de l'adolescence à l'âge adulte. Le père, conducteur de grue spécialisé dans la démolition d'immeubles, va perdre son travail pour cause de cécité intermittente. Le fils, accumulant les tentatives aussi douteuses qu'infructueuses, n'arrive pas à en trouver un vrai. D'où un contexte familial qui va évoluer en stigmatisant de plus en plus durement l'éternel conflit des générations...
Pourtant, après l'incompréhension et même l'hostilité déclarée, il y aura une réconciliation. Le père et le fils, chacun sous l'influence bénéfique d'une femme ("avenir de l'homme", coucou à Aragon/Ferrat), s'accordent "le grand pardon" autour d'un berceau et d'un roman enfin accepté.
Bonheur hélas de courte durée...
Ce film n'échappe pas à la mode qui, à l'époque, faisait renouer le cinéma US avec un genre toujours diversement reçu : le Mélo. Mais les données sentimentales de l'histoire sont assez nuancées pour ne pas instaurer du larmoyant téléguidé. Et même si cela était, il serait cruel de reprocher quoi que ce soit à Newman. Lui qui, manifestement, exorcise en fait sa propre douleur de père depuis le suicide de son fils, à 28 ans. Les scènes répétitives où l'on voit une énorme masse pulvériser des façades d'immeubles, la spectaculaire destruction de la belle vaisselle familiale... Symbole évident. Un jour de 1978, avec l'une des épreuves morales les plus impitoyables, tout s'est effondré/brisé chez l'acteur privilégié. Aussi, secondé par un jeune comédien talentueux et sa propre femme, la solide Joanne Woodward, a-t-il bâti son film comme un hommage au cher disparu.
Les épaules voûtées de Harry, ce n'est sûrement pas que du cinéma. Dans le coeur du "Gaucher", élan paternel à jamais atteint de gaucherie !

Ticket_007
8
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le 30 oct. 2016

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