Après Léon Morin prêtre et Le Doulos, Melville clôt son cycle Jean-Paul Belmondo avec ce curieux Aîné des Ferchaux… Ensuite, il se tournera définitivement vers le cinéma commercial, même si Le Samouraï peut être considéré avec une certaine estime. Ici, il adapte (comme beaucoup avant lui et après lui) un roman de Simenon, auteur béni pour les cinéastes dont les adaptations cinématographiques ne se comptent plus. Comme toujours dans l’univers de Simenon, l’essentiel va consister ici dans ce qui n’est pas dit : des regards, des silences, des ellipses de narration et de mise en scène, le tout contribuant à produire un climat oppressant où on attend sans cesse que quelque chose se passe jusqu’à un dénouement inattendu… Jean-Paul Belmondo n’est certainement pas un des mes acteurs préférés mais dans ce rôle de raté et de salaud repenti au dernier moment, il s’en sort plutôt bien. Évidemment, il a du mal à soutenir la comparaison avec l’immense Charles Vanel, un des meilleurs comédiens de sa génération, qui le domine de tout son talent. Mais la rencontre des deux hommes, qui constitue le pivot central du film, est crédible de même que leurs rapports qui vont évoluer peu à peu vers une équivoque entre un rapport père-fils et un rapport homosexuel. Sur le plan technique, Melville filme de façon impeccable cette Amérique qu’il aime tant, que ce soit à New York ou à La Nouvelle Orléans. C’est un film qui n’est pas reconnu à sa juste valeur dans son œuvre et c’est bien dommage à mon avis car il est sûrement un de ses plus sincères.
Maqroll
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le 6 juin 2014

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