La solidité d'un roc et la force de l'ours face à la pureté de l'Ange

Voici un western qui dégage un charme fou. C'est un film réalisé par le scénariste James Edward Grant en 1947.


L'histoire est plutôt originale.
Quirt Evans est un gangster gravement blessé qui est recueilli dans une famille de Quaker. La fille ainée Pénélope, est chargée de le veiller et tombe amoureuse de ce grand, beau et ténébreux garçon. Mais aura-t-elle l'ascendant suffisant pour détourner son beau brun de sa vie aventureuse où "le révolver est une partie du corps et sert à équilibrer le corps et une jambe trop courte" ?


Lorsqu'on voit ce film on ne peut s'empêcher de penser à "Witness" de Peter Weir qui reprendra une histoire du même type en 1985 où un flic se réfugie dans une communauté Amish.


John Wayne, on l'aura deviné, joue le rôle de Quirt. Il est encore jeune puisqu'il a la quarantaine dans ce western et à un aspect encore "slim". Et son rôle, il le joue avec bien de la délicatesse quand il est au sein de la famille Quaker. Oh bien sûr, dès qu'il retrouve ses vieux démons au saloon, il boit comme un trou, joue des épaules, provoque une bataille homérique, drague les nanas etc ... Mais, il faut son immense talent d'acteur lorsqu'il se compose un rôle respectueux au sein de la famille et provoque l'admiration de la mère devant son solide appétit et devant les yeux craintifs mais passionnés et décidés de Pénélope ...
Il est le Mauvais Garçon, "the Badman".


Pénélope, c'est Gail Russell dont la carrière aura été malheureusement chaotique et courte. Ici dans ce film, elle est juste sublime.
Il faut la voir quand elle veille Quirt et l'écoute délirer avec tendresse et attention dans son sommeil. Elle est à la fois effrayée et fascinée par ce qu'elle découvre du personnage, ses amours, sa vie dangereuse. Puis, plus tard quand elle n'en revient pas de son pouvoir sur lui, même si elle sent combien ce pouvoir est fragile.
Il faut la voir dans la scène magnifique, qui dure de longues secondes, où elle donne le biberon à un agneau ... ou encore quand crânement (ou naïvement, c'est selon) elle assume sa foi à Quirt en lui expliquant "que c'est celui qui frappe qui a mal et non celui qui est frappé".
Elle est l'Ange.


Un autre personnage important du film c'est le marshal qui n'a qu'un objectif, c'est d'enfin réussir à pincer Quirt et le pendre (avec une corde spécialement neuve). C'est un personnage un peu surnaturel qui apparait subitement et surveille en douce les faits et gestes de Quirt. Il finira par être un ange bienveillant et même très bienveillant.
L'acteur qui joue ce rôle c'est Harry Carey en fin de carrière qui a eu son heure de gloire au temps du muet et dans les westerns d'avant-guerre.


Ce film oppose le tumulte classique du western (les bagarres, le saloon, les chevauchées, les coups de feu) à la vie pacifique, pure, tranquille de la famille de fermiers pénétrés de leur foi.
Jamais, le film ne tombe dans la mièvrerie ou la naïveté ou le préchi-précha. Au contraire, le toubib (Tom Powers) qui n'est pas croyant mais respectueux des autres ose railler gentiment la foi profondément pacifiste des Quakers, qui répondent d'ailleurs sur le même ton.


C'est un western peu connu, qui semble avoir été un échec à sa sortie mais que j'apprécie particulièrement chaque fois que je le vois pour son climat de tendresse et de pureté que le couple J. Wayne et Gail Russell restituent admirablement.

JeanG55
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le 21 juin 2021

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