Sur les 18 films de John Carpenter sortis au cinéma, L’Antre de la folie de 1995 m’intriguait beaucoup. Aussi bien par son affiche, son titre accrocheur, son acteur principal et le fait qu’il soit considéré comme le dernier grand film dans la filmographie de notre cher Big John Carpenter. Verdict ? Certes très intéressant dans le fond, L’Antre de la folie me laisse tout de même sur une certaine déception, comme c’est le cas dans la filmographie du réalisateur depuis Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin (1986) où chaque film, malgré de très bonnes idées, a peiné à me convaincre totalement.
Pour retrouver Sutter Cane, célèbre auteur de best-sellers d’épouvante brusquement disparu, John Trent, enquêteur d’assurance indépendant, doit pénétrer dans l’univers romanesque et terrifiant de l’écrivain.
Suite à l’échec cuisant des Aventures d'un homme invisible en 1992 pour Warner Bros (décidément le pauvre Big John y va de malchance en malchance avec les films pour gros studios...), le réalisateur de The Thing retourne vers le cinéma horrifique et fantastique à petit budget avec L’Antre de la folie, une des œuvres les plus appréciées dans sa carrière. Sorti en 1995, le treizième film de John Carpenter ne rencontra ni un grand succès critique ni un grand succès commercial. Tourné pour un budget de 8 millions de dollars, L’Antre de la folie rapporta presque 9 millions de dollars sur le sol américain, un échec de plus pour le réalisateur qui verra, comme sur beaucoup de ses œuvres, une réhabilitation de son film avec le temps. Et donc avec L’Antre de la folie, troisième opus de sa « Trilogie de l’Apocalypse », John Carpenter s’attaque à une histoire plutôt intéressante mêlant horreur et fantastique dans un trip littéraire et psychotique qui convoque à la fois Lovecraft et Stephen King (qui sont de grandes inspirations chez Carpenter). Le film entraîne donc son spectateur au cœur d’une intrigue particulière et plutôt bien vue, où le héros est plongé dans l’univers horrifique de l’écrivain Sutter Cane et dont les livres rendent totalement fous et psychopathes ses lecteurs.
Le film avance tranquillement, installe son ambiance étrange et angoissante, nous dévoile un twist plutôt intéressant à mi-parcours de l’intrigue ainsi que des visuels assez cool. Et puis arrive la fin qui étonnamment, même si j’apprécie l’idée, est très déconcertante et n’apporte pas de véritable conclusion à l’histoire. Le personnage semble comprendre qu’il a bel et bien basculé dans la folie pure, d’où le rire hystérique de Sam Neill. Le film est au final assez étrange, on ne sait pas trop quoi penser de lui une fois terminé, à la fois fascinant et bizarre, prenant mais pas suffisamment palpitant pour nous accrocher à notre siège tant son scénario reste énigmatique. En fait on a l'impression de rester sur notre faim. Après nous pourrons tout de même retenir quelques bonnes idées telles que l'évocation de la folie humaine, la vision d’une fin du monde dans l’hystérie collective suite à la publication d'un livre qui s'apparente à une "nouvelle Bible" et la très bonne illustration de la réalité se confondant avec la fiction avec ce voyage dans l'univers de Cane.
Porté par un très bon Sam Neill dont c’est la deuxième collaboration avec John Carpenter, L’Antre de la folie est donc un film intéressant et étrange à la fois. Probablement une œuvre qui nécessite plusieurs visionnages pour en apprécier ses méandres, ses qualités et son ambiance visuelle très lovecraftienne. Étonnamment, il m’est apparu comme le film de Carpenter le moins « fauché » depuis longtemps où le réalisateur utilise plutôt bien la suggestion pour ne pas tout montrer et privilégier l’ambiance glauque de son histoire ainsi que la déchéance psychologique du héros.