Un film d'action où la seule scène d'action est ratée
L'Assaut raconte la prise d'otage lors du vol d'Air France reliant Alger à Paris, la veille de Noël 1994, vécue du point de vue des hommes du GIGN qui ont mené l'attaque finale sur l'avion.
Pour quelqu'un comme moi qui, à l'époque, avait vécu ces évènements en direct à la télévision et à la radio, le film a le mérite de montrer les coulisses de l'opération militaire ainsi que le travail des services secrets français qui ont permit de sauver la totalité des civils présents à bord de l'avion (les trois victimes ayant été abattues par les terroristes sur le sol algérien). Autre point positif : l'ambiance générale qui se dégage du film est, je trouve, particulièrement bien retranscrite. On ressent vraiment bien la tension ambiante tout le long des évènements. Tension qui va progressivement augmenter jusqu'à se transformer en une petite décharge d'adrénaline juste avant l'assaut final.
Malheureusement, il y a beaucoup de déchet dans ce film. A commencer par le personnage principal incarné par Vincent Elbaz. Pour être honnête, on ne peut pas vraiment lui jeter la pierre. Sans être vraiment mauvais, il dégage autant de charisme qu'une huître, la faute à un rôle mal écrit. Il aurait fallu choisir clairement entre un traitement objectif et mécanique qui se serait concentré uniquement sur l'aspect technique et militaire, ou, au contraire, un traitement humanisé et émotionnel qui aurait mis l'accent sur le stress de ces hommes et de leurs familles, sur le dévouement, etc. Au lieu de cela, Leclercq, qui refuse de prendre parti et d'assumer un type de cinéma, rend son personnage tiède et insipide. On nous montre sa préparation mais pas trop, on nous montre sa vie de famille mais pas trop, on le montre pendant l'assaut mais pas trop. Quel intérêt de nous montrer des bribes de vie de famille de cet homme si l'on éprouve aucune empathie pour lui ?
Enfin, si la narration du film est plutôt réussie et nous mène sans trop de difficulté jusqu'au clou du spectacle, c'est à dire l'assaut à proprement parler, la réalisation de celui-ci est complètement ratée. N'est pas Ridley Scott qui veut. Alors oui, il y a un petit effort qui est fait sur la photographie (et encore que mettre un filtre sur la caméra, en soi est loin de constituer une preuve de génie). Mais la scène de l'assaut, pourtant si prometteuse tant la réalité avait dépassé la fiction dans les faits, est un échec total pour moi. Leclercq s'emmêle les pinceaux en essayant de reconstituer la confusion qui régna lors de la prise du cockpit mais finit par perdre son spectateur au point qu'on finit par s'ennuyer et espérer que le dernier coup de feu ait été tiré pour qu'on puisse enfin aller faire un petit pipi et dodo. On peut ne pas aimer les blockbusters hollywoodiens et leurs scènes d'actions qui sentent la poudre, mais les américains savent filmer une fusillade tout en immergeant le spectateur dans un chaos savamment orchestré. C'est précisément ce que j'attendais de ce film et c'est précisément ce que je n'ai pas eu (alors que c'était tout de même le sujet : l'assaut). Je voulais comprendre comment une opération aussi complexe (trente hommes lourdement armés se tirant dessus dans un espace confiné) pouvait se solder par un bilan aussi léger (aucun civil ou militaire mort), mais le film donne surtout l'impression que c'est un énorme coup de chance et on a presque le sentiment que les soldats du GIGN tirent à l'aveuglette dans tous les sens. D'après des membres du GIGN, l'enchainement des évènements à bord de l'avion était plutôt bien respecté... C'est donc d'autant plus dommage que la mise en scène n'ait pas été à la hauteur.
Bref un film en demi-teinte, à l'image de son héros, qui souffle le bon et le moins bon. Un film d'action où la seule scène d'action est ratée... Ca reste suffisant pour divertir le temps d'une soirée mais pas assez pour mériter d'être regardé une deuxième fois.