L’histoire se passe au XVIIIème siècle, en, Angleterre. Dona St Columb est l’épouse d’un riche noble et mène une vie oisive à Londres. Lasse de la médiocrité de son dandy de mari et désireuse de fuir les assiduités de Lord Rockingam, un ami de celui-ci, elle part s’installer avec ses enfants dans son manoir des Cornouailles.
A son arrivée, elle a la surprise d’être accueillie par un serviteur inconnu, William, à l’accent étranger, au regard malicieux et qui semble diriger à sa guise la maison. Bien loin du flegme attendu du parfait serviteur d’un lord anglais, son franc-parler et sa bonhomie plaisent aussitôt à Dona.
Elle comprend cependant qu’en son absence une autre personne occupe les lieux et sa chambre et que William est au service de cet inconnu.
Se promenant dans les bois, elle découvre émerveillée, dissimulé dans une crique, un splendide voilier. Elle en rencontre le capitaine, un séduisant corsaire français Jean Benoit. La Lady et le corsaire, bien que de deux mondes forts éloignés se découvrent un même désir d’évasion, d’indépendance et une soif d’aventures.


Avec Rebecca et L’auberge de la Jamaïque, Daphné du Maurier offre ici son écriture la plus romanesque et passionnée et fait passer dans ce roman un grand souffle d’aventure. On ne saurait imaginer plus belle adaptation ( fuyez le remake de 1999) que le film de Mitchell Leisen servi par des acteurs impeccables et par la beauté des images.


Le film émerveille littéralement par la flamboyance de la photographie de George Barnes qui nous a déjà offert la beauté des couleurs de films comme Pavillon noir (Franck Borzage), Sindbad (Richard Wallace) et la perfection du noir et blanc dans de magnifiques drames adaptés de romans anglais comme Rebecca (Alfred Hitchcock) ou Jane Eyre (Robert Stevenson).
On remarque la beauté des costumes (robes, dentelles et rubans ) et des couleurs, la profondeur des paysages, l’originalité du manoir dont le grand escalier royal débouche sur la campagne (invitant à l’évasion).


Au cours du film, Dona s’allégera symboliquement de ses atours somptueux pour une tenue plus simple, jusqu’à son délicieux costume de mousse, au bonnet rouge, lorsqu’elle abandonne son identité de la frivole Lady St Columb.


Joan Fontaine est ici éclatante de naturel, tour à tour insouciante, combattive et passionnée. Le couple formé avec Arturo de Cordova – auquel on pardonnera de ressembler plus à un latin lover qu’à un français- est de toute beauté.
On s’amusera de la rencontre entre Sherlock Holmes (Basil Rathbone) et son Dr Watson (Nigel Bruce), tous deux superbement perruqués )… Basil dans son rôle éternel de fourbe qu’il incarne si bien dans les films en costumes (Robin des bois, Le signe de Zorro…) et Nigel Bruce en éternel lourdaud.
Dans le rôle de William, Cecil Kellaway est excellent, son regard et ses remarques accompagnant l’histoire d’amour de Dona et de Jean dont il semble avoir prédit et favorisé la rencontre.


L’univers des corsaires est décrit de façon magnifiée. Les marins sont respectueux, obéissants et travaillent en chantant...même l’abordage du bateau devient un jeu.
Le Capitaine corsaire est un homme délicat et cultivé, lisant des poèmes de Ronsard et s’adonnant au dessin à ses heures perdues.
Dona et Jean s’extasient ensemble à la pensée de mourir pendus côte à côte au même arbre avant que la réalité qui les rattrape ne rende finalement pas cette pensée si heureuse.


La première partie du film se déroule dans une atmosphère d’insouciance avant que le drame ne rattrape les personnages. Le retour inattendu du mari de Dona, Harry, et des amis de celui-ci, venus débusquer le Français, va mettre fin au bonheur parfait des deux héros.


Finalement, peut-on imaginer titre plus rêveur que La crique du français (titre original : Frenchman creek ) ou bien sa magnifique (bien qu’éloignée) traduction, L’aventure vient de la mer .
Si l’aventure sur la mer ne mènera pas Dona aussi loin qu’elle l’aurait souhaitée, son escapade ne durant que quelques jours, ces moments seront intenses en aventures et lui feront vivre la sensation d’avoir enfin pu prendre son envol et s’évader…ce qui sera finalement l’impression ressentie par le spectateur à l’âme romanesque.

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le 26 juil. 2018

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m-claudine1

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