1. Louis XIV meurt. Afin d’apaiser les tensions avec Philippe V d’Espagne, petit fils du Roi Soleil, qui pourrait réclamer le trône de France, Philippe d’Orléans, fils de Monsieur organise l’échange de deux princesses de chaque royaume supposé donner lieu à un double mariage dont chaque parti ressort gagnant. Au cœur de cette danse en quatre temps ? Louise Elisabeth, fille du régent, Marie Victoire, infante d’Espagne, son frère, le prince héritier Luis et le futur roi de France Louis XV ; des enfants, perdus entre leurs désirs infantiles et leur rôle politique, responsabilités d’adultes.


S’il faut reconnaitre une qualité au film, c’est sa beauté plastique. Beaucoup de plans sont composés tels des tableaux, donnant une atmosphère onirique au film. Dugain sait à la fois nous faire ressentir la superbe de Versailles, et son froid pour un enfant forcer d’y régner. L’esthétique Rococo est parfaitement retranscrite dans les décors et costumes.
De même, l’opposition chromatique entre les deux cours est un procédé des plus efficaces ; des couleurs froides et claires pour la France, chaudes et sombres pour l’Espagne. Facile ? Peut être, mais l’effet marque l’œil du spectateur, tout comme la symétrie et la chorégraphie lors de l’échange sans mot des deux princesses, résurgence de l’étiquette imposée par Louis XIV.


Cependant, le film souffre de ses facilités scénaristiques. L’exposition est lourde, et absente de toute subtilité. Si la plupart des enfants s’en sortent à merveille, (notamment Juliane Lepoureau, qui incarne une Marie Victoire pleine d’esprit et de malice), Anamaria Vartolomei subit les répliques totalement anachroniques que l’on impose à sa Louise Elisabeth qui semble bien trop impertinente pour l’époque. De même du côté des adultes, à l’exception de Catherine Mouchet et de Lambert Wilson (qui excellent dans deux registres opposés), les acteurs ont une certaine tendance à la récitation ou au contraire au surjeu – est-ce un parti pris artistique assumé ? Il est en tout cas mal amené et prête plus aux rires et aux haussements de sourcils dédaigneux.


L’enfance de tels personnages est une époque souvent survolée, alors que les grands de l’histoire étaient encore petits. Cependant, si le postulat de base de L’Echange des Princesses ne manque pas d’intérêt, le film souffre d’un scénario un peu bancal que la mise en scène ne parvient pas à rattraper. Marc Dugain nous offre un magnifique écrin, hôte d’un bijou terne et négligeable.

spleenetideals
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le 24 janv. 2018

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