Véritable tragédie fantastique mâtinée de poésie (couleur ambrée des bocaux, Santi), L'Echine du Diable reste pour moi le meilleur film de Guillermo del Toro que ce soit la mise en scène, la photographie, les acteurs et l'histoire.
Tout a été déjà dit et bien dit sur tous ces points, c'est pourquoi je m'étendrai plus volontiers sur les personnages qui sont extrêmement bien dessinés.
On remarque ainsi très rapidement que tous les adultes principaux partagent un point commun: il leur manque quelque chose (Carmen une partie de sa féminité, Casares sa virilité, Conchita l'amour de Jacinto qui semble être un homme insensible). Cependant, chacun se révèle plus complexe. Si Jacinto apparaît comme le méchant de l'histoire, il ne se révèle en aucun cas monolithique ni une véritable figure du Mal: c'est un enfant triste et désemparé devenu un homme dominé par la colère qui fait de mauvais choix et qui perd petit à petit son humanité. Casares, quant à lui, est plus un homme de paroles que d'action qui ne parvient jamais à tenir ses promesses; derrière l'homme de science se cache également le superstitieux (voir la scène des bocaux). Carmen, enfin, possède un caractère fort malgré son handicap.
Quant aux enfants,ils découvrent au fil de l'histoire la solidarité pour affronter non seulement leur ennemi mais aussi un avenir incertain. De plus, eux aussi sont très travaillés: Jaime, par exemple, ressemble à la version adolescente de Jacinto au début du métrage mais prend ensuite le chemin opposé. Carlos, seul à son arrivée, parvient à se faire accepter progressivement par les autres orphelins et domine sa peur au point de devenir le porte-parole de Santi qui évolue lui aussi (présence évanescente qui se fait par la suite inquiétante avec sa terrible prédiction avant de devenir l'exécuteur ultime de son assassin).
Que dire en outre de la fin si ce n'est qu'on est loin du happy end.
Pour toutes ces raisons ainsi que la parabole sur l'existence humaine à travers le récit sur un épisode de la guerre civile espagnole, ce film est une pépite que Le Labyrinthe de Pan - aussi réussi soit-il (et c'est incontestable) - ne peut égaler selon moi.
Luan_Kerrier
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le 30 déc. 2014

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Luan_Kerrier

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