Un bel exemple de l'originalité de traitement insufflée dans le genre de la comédie érotique étudiante où le thème de voyeurisme cher à Tanaka s'y dévoile de façon ostensible, orientant l'érotisme et la chair comme matériau distant, autant source de fascination que de frustrations. Représentant d'une veine plus légère, le film narre la passion déraisonnable d'élèves potaches et libidineux obsédés par leur pucelage. S'attachant aux basques d'Isao, jeune étudiant épris de sa professeur, l cinéaste porte un regard attendri et ironique sur ce personnage en marge. Alors que ses camarades potaches s'adonnent aux plaisirs de la chair dans le repère d'une tenancière de bar nymphomane, Isao s'obstine et se prostre dans la fétichisation de son premier amour. Si le film use des ressorts ludiques centrés autour de la fesse joyeuse, sa subtilité tient dans les variations de tons qui viennent nuancer le postulat lubrique. La passion d'Isao prend une tournure obsessionnelle pathologique, et ses stratagèmes pour conquérir le cœur de sa belle revêtent des atours plus sombres. C'est dans ce basculement intermittent que L'Ecole de la sensualité trouve son identité, faisant migrer le récit salace vers une évocation anxieuse de l'incertitude amoureuse, pour finalement distiller un parfum de malaise lorsque que le vaudeville cesse brusquement pour rappeler les conséquences des pulsions égoïstes de cette jeunesse. Si le talent plastique et formel de son auteur y apparait moins manifeste, le film s'affiche comme un étrange objet 'pop' où les passages érotiques et éruptions du fantasme sont dépeints avec moult filtres colorés, flou artistique et profusions zooms. Opus mineur au regard des grandes réussites de sa filmographie, L'Ecole de la sensualité n'en reste pas moins un curieux et attachant hybride aux humeurs multiples, pur produit de son époque.
Gewurztraminer
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le 30 mars 2011

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