C'est très intéressant de constater l'évolution de la saga Star Wars au fil des films. Après avoir débuter son aventure intergalactique d'un point de vue très enfantin, et surtout après avoir connu le méga succès qu'a été le film, Lucas délègue les tâches de réalisations et d'écriture (tout en gardant la main mise sur la trame principale). Il s'entoure d'Irvin Kershner à la réalisation, un ancien prof à lui, et de Lawrence Kasdan et Leigh Brackett au scénario. Et cette fine équipe en profite pour nous pondre un chef d'oeuvre. Ni plus, ni moins.


Parce que oui, j'ai rien contre Lucas (bon si quand même, là je me fous un peu de la gueule du monde), mais ce n'est pas un réalisateur. Il suit des codes qu'il a probablement lu dans des bouquins pour que son film tienne la route mais ça va pas plus loin. Il suffit de comparer les différences de rythme de montages et de cadrages des épisode IV et V pour s'en rendre compte. Kershner est un réalisateur très classique mais qui sait rythmer son film, et en faire ressortir les enjeux dramatiques présents.


L'Empire Contre-Attaque est avant tout d'une profondeur et d'une intelligence bien supérieure à son prédécesseur. Luke n'est plus si naïf, sa quête d'apprentissage de la Force sur Dagobah se révèle être compliquée et éprouvante, Han et Leïa fricotent ensemble mais là aussi la dramaturgie de cet amour qui se révèlera à la fin ("Je t'aime" "je sais.") est d'une intensité remarquable. Et puis il y a le budget qui a considérablement augmenté, du coup tout est plus ambitieux. La bataille sur Hoth, les décors de Dagobah (qui fait bien flipper) et de la cité de Lando et la photographie, à des millénaires de ce qu'était celle de l'épisode IV (la dégaine des sabres lasers de Luke et Vador dans la fumée ambiante me file toujours des frissons), tout a été revu à la hausse. Mais en fait, ça va plus loin que tout ça.


Je ne saurai vous décrire avec précision ce qui se passe en moi lorsque je regarde ce film. Les frissons qui débarquent toutes les cinq minutes, la trouille devant Dagobah, la fascination devant le parcours de Luke (notamment le passage dans la cave), la... Attendez ! Le voilà le point majeur du film. Celui autour duquel tout le reste gravite (excepté les séquences sur Hoth). L'initiation de Luke par Yoda sur Dagobah.


Je trouve ces séquences, et leur évolution, absolument parfaites. On est totalement pris à contre-pied dès l’atterrissage (compliqué) de Luke. Dagobah n'est pas une idylle, c'est une planète sale, crasseuse et marécageuse, que la vie semble avoir désertée. Du coup, ben on flippe à mort pour lui (et pour R2 aussi). Et puis l'apparition de Yoda relève du génie. Ce grand chevalier Jedi, caché depuis des années, qui n'attends qu'un signe de la Force pour se trouver un nouvel apprenti, se révèle être un bouffon, chieur au possible dans un premier temps. Mais tout n'est qu'un test sur ce système. Même le jeu de Yoda.
S'en suit la course dans la forêt, l'apprentissage de la force par soulever des pierres en faisant le poirier, où encore le passage dans la cave. Cette cave qui doit aider Luke à vaincre ses peurs les plus cachées, cette identification qu'il fait face à ce fantôme de Dark Vador, sa peur est mienne.
Tout sur cette planète n'est que source de mystère et de terreur, et c'est par là que passe Luke pour accomplir sa destinée. Un chemin bien plus compliqué que laissait paraître l'épisode précédent.


Et puis l'épilogue. La conclusion fantastique de ce Space Opéra de deux heures. La trahison de Lando, supposé ami de Han, la congélation de ce dernier pour servir plus tard de trophée à Jabba, la fameuse déclaration d'amour de Leïa et l'impro d'Harrison Ford derrière... Magique.
Et viens Luke. Tête baissée dans le piège, contre les indications du sage Maître Yoda, qui lui disait que son instruction n'était pas achevée. Le combat final, épique au possible, l'apogée de la tragédie, Luke qui se fait botter les fesses. Puis la révélation qui met sur le cul, alors que tu ne pensais pas que le climax pouvait monter plus haut, récité d'une voix de maître par Monsieur James Earl Jones, avec ce timbre qui le caractérise si bien. Ah putain que c'est bon ! J'en ai encore des frissons maintenant.


L'Empire Contre-Attaque a clairement dessiné les traits d'un nouveau genre Hollywoodien, celui du divertissement ultime, entamé dès le milieu des années 70 par Steven Spielberg et ses copains requins. Tout est dosé à la perfection, chaque scène complétant un tableau majestueux d'une œuvre bien plus profonde et plus forte que tous les autres épisodes de la saga réunis. L'attente après le premier opus était grande, ce que Lucas et son équipe en ont fait, est un tour de force magistral.
Secrètement, j'espère fortement que ce tour de force sera reproduit à la fin de l'année, lors d'un certain 18 Décembre. Il paraît que si on y croit très fort, le miracle peut se produire. J'espère que la Force m'aura entendu.


http://www.senscritique.com/liste/Star_Wars_c_est_dans_9_mois_mais_je_vais_pas_attendre_la_vei/828692

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le 29 mars 2015

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