J'ai découvert le film au cinéma, oui ! sans les effets numériques rajoutés par la suite, c'était fin 1980 ou début 1981, j'avais 14 ans: une claque pareille ça ne s'oublie pas, j'imagine les gosses découvrant avant moi le premier opus en 1977. L'Empire... est pour moi, vous l'aurez compris, le meilleur épisode de toute la franchise Star Wars, avec ou sans trucages ou liftings numériques et autres "améliorations" en 1997, puis en vidéo depuis...
Le film n'est pas signé LUCAS et c'est ce qui en fait l'un de ses points forts: Irvin Kershner est le type à la barre de cette entreprise (avec Lucas au poste de co-scénariste et producteur) et il insuffle au deuxième volet une dimension tragique incroyablement efficace: bien sûr le budget bien plus confortable que celui du premier volet y est pour quelque chose: l'aspect visuel devient plus riche, touffu, plus cinémascope aussi. Rien que la partie sur la planète des glaces, Hoth, dépasse par sa qualité plastique, son rythme de plus en plus nerveux, la musique de Williams le "Retour du Jedi" en entier et de loin. Ce film est une suite de morceaux de bravoures et de découvertes surprenantes: la bataille sur Hoth donc, mais aussi le Millenium Falcon poursuivi dans un champs d'astéroïdes, la cachette du même engin dans le ventre d'un vers géant, la rencontre avec Yoda et sa révélation "non, il y a un autre espoir...", Luc, amputé d'une main lors d'un combat aussi psychologique que physique contre "son père" ("I'm your father" le paroxysme scénaristique) ou Han Solo cryogénisé dans de la carbonite. Et j'en passe. L'Empire... on le connait par cœur, mais à chaque visionnage c'est comme si c'était la première fois (peu de films ont cet effet). La musique de John Williams est un personnage à part entière, le paysage musical du film, l'huile qui fait monter la mayonnaise. Les images aussi belles soient-elles et le scénario aussi chiadé soit-il n'auraient pas cet impact intemporel sans les thèmes de Williams: le thème de Yoda, la marche impériale, le champ d'astéroîdes etc.
Cela fait plus de trente ans que le film fait le bonheur des parents comme des enfants: de la romance, de l'humour (merci Harrison Ford), de l'action, du merveilleux, du tragique: les ingrédients d'une soupe parfaitement assaisonnée. Ni trop peu ni pas assez: l'épisode le plus adulte de la trilogie. Le Jedi fait pâle figure à côté avec ses bisounours (ces Ewoks)...
Donc s'il ne doit en rester qu'un ... ce sera cet Empire Contre-Attaque et je pense que ce qui nous arrive vers 2015 (le film de JJ Abrams) aussi bien fait soit-il ne pourra surpasser l'oeuvre de 1980.