Quand on aurait préféré que ça ne passe pas nos frontières

Je mets deux points.

Un point pour l'effet purgatoire de ce film – qui a été la séance de trop faisant déborder mon dossier « films-peu-avenants-que-l'on-m'a-passés-mais-que-je-me-dois-de-regarder-afin-de-vider-mon-disque-dur ». La performance de Clive m'aura finalement convaincue de supprimer l'intégralité de ce dossier douteux sans plus attendre, et sans plus visionner.

Un autre point pour l'analyse de banques vendeuses d'armes, se lançant dans la contrebande non pas parce que les pistolets ça rapporte des soussous, mais parce que contrôler la guerre signifie contrôler la dette. Intéressante perspective. Ah, dommage, on en parlera que pendant 2 phrases.

Ce film tenait donc une idée originale, mais malheureusement la trame du thriller bancaire est sous exploitée de façon déplorable, au profit d'un scénario - ah non, pardon, il n'y a pas de scénario – au profit de Clive Owen, donc. Oui, car ce film s'adresse à vous, fans de Clive Owen (existez-vous ? après ce film, la question mérite réflexion).

Pour les non fans, je vous évite ces deux pénibles heures et vous les résume ici: Clive est en Allemagne, Clive perd un ami, Clive n'est pas content, Naomi, Clive travaille en France (crédible), Clive n'est pas content, Clive et Naomi en Italie, Clive n'est pas content et court en même temps, Clive va à New York, Naomi, Clive se fait des amis, Clive fait des pirouettes au musée, Clive a un bobo à l'oreille mais ça va, Naomi, Clive dit bye bye à Naomi, Clive est de retour en Italie, Clive n'est pas content, Clive commence à être saoulé d'être pas content du coup BANG – il tire. Fin.

Notons que Clive Owen réussit l'exploit d'être mono-expressif dans chacune des situations décrites ci-dessus, d'où mon irrésistible envie de le baffer à chaque nouveau plan (je pense néanmoins que si, par la grâce de Dieu, cela était venu à se réaliser, il aurait tout de même gardé cette seule et unique expression). Ah, Spike Lee avait été bien inspiré de lui cagouler la face dans Inside Man !

Naomi Watt nous offre quant à elle une intéressante interprétation de la plante verte, tout en retenue. Elle esquisse quelques moues, émet parfois même des sons !, puis on lui signifie au 2/3 du film qu'elle peut partir parce que bon, de toute façon elle était juste là pour la déco et c'est l'heure qu'elle aille coucher son fils.

Le film est aussi mou que Clive et Naomi. Soudain, le réalisateur se rappelle que c'est un thriller et non pas un film de Marguerite Duras, et nous inflige 10min de pétards et de roulades à n'en plus finir (d'où le bobo de Clive à l'oreille, car tout de même, les gentils ne s'en sortent pas indemnes, ralala réalisme quand tu nous tiens !). Et puis c'est re-mou. Et puis c'est la fin.

Soulignons donc, pour partir sur une note positive, la belle cohésion soporifique de cet ensemble.

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le 15 sept. 2011

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inimay

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