Quand l'embryon reste attacher

Fraîchement récompensé d'un Lion d'Or à Venise, l'Evènement suscite intérêt et curiosité sur un sujet difficile. Et même si j'ai quelques réserves concernant le film, difficile de nier le tour de force et l'intelligence du travail de Audrey Diwan. Malgré l'aspect didactique et attendu, la réalisatrice parvient à plonger le spectateur aux côtés d'une jeune femme des sixties en détresse. On fait corps avec le personnage jusqu'à l'étouffement imposé par le cadre serré du 1:37. Une tension permanente est palpable et on accouche (pardon du mauvais jeu de mots) sur des scènes très marquantes, d'une intensité folle. Rarement l'avortement aura été filmé de manière si frontale.

On peut regretter que l'ensemble des personnages secondaires ne soit que des archétypes, parfois clichés. Mais cela fait sens avec le propos du film qui isole son actrice principale. Anne dira même qu'elle se lasse de la solitude. De cette manière certains éléments du scénario paraissent étranges ou malvenus, mais on ne perd pas de vue le fil rouge, nous spectateur, tandis qu'Anne semble l'avoir égaré pendant 9 mois (encore désolé).

Encore un bon crû français pour cette année 2021 décidément riche en bonnes surprises. Et cocorico pour nos jeunes réalisatrices françaises primées à Cannes et à Venise la même année sur des sujets avec des similitudes flagrantes (une grossesse envahissante et non désirée).