En 1973, L'exorciste sort dans les salles, succès planétaire, commercial, oscars etc... Bref film culte instantané, et toujours considéré à juste titre comme le meilleur film d'horreur de tous les temps tant la maitrise cinématographique et le point de vue de son auteur transparait à l'écran que même les non cinéphiles sont obligés de s'incliner devant.
Hollywood prévoit donc une suite, et c'est John Boorman qui s'y colle, avec toujours Linda Blair dans le rôle de Reagan.
Bon, aujourd'hui dans une soirée où on parle cinéma, on ne cite pas L'exorciste 2, étant qu'il est considéré comme étant vraiment une purge. Pour être honnête, je savais que ce film existait mais vu sa réputation, j'ai toujours retardé sa vision et là je me suis lancé...
Alors oui, évidemment, on est loin du 1, le film de Friedkin reste le patron dans le genre et je pense, il le restera. Mais, il faut dire que ce film est tellement différent du 1, que la comparaison n'a pas vraiment lieu d'être, car oui à part Linda Blair, et prendre un personnage du 1 comme point d'intrigue on est très éloigné du 1er film. Je pense sincèrement que la principale erreur de ce film est de s'appeler L'exorciste "2".
Ce film ne mérite tout simplement les coups de haches qu'ils se tapent sur la gueule, Boorman a l'audace de prendre le film à contre pied, et de ne pas proposer un copié collé. Exit les fantaisies religieuses du 1er, et bienvenue, aux tribus africaines, qui au final, correspondent parfaitement au cinéma de John Boorman, le réalisateur de Délivrance, Zardoz, La forêt d'émeraude, films qui mettent en avant une tribu sur leur terre, imaginaires ou pas. Ici c'est bien le personnage de Reagan qui mène le film, toujours incarnée par Linda Blair, ils ont bien évidemment aussi fait vieillir le personnage, elle est ici plus adulte, et forcément en étant la pièce maitresse du film, on change tout de suite de ton.
Mais la grande qualité du film, c'est surtout la réalisation de John Boorman, le film est aussi ( et surtout ) une grande démo de mise en scène, chaque séquence regorge d'idées visuelles, avec en tête la première séquence d'hypnose en utilisant au montage le procédé de transparence pour jouer avec les différentes perpectives. Probablement doté d'un budget plus conséquent que ses autres films, il se permet tout : plans de grues, plan 360, ou encore, et peut être là c'est too much : mettre le spectateur sur un dos d'une bestiole pour suivre une séquence, bien qu'un peu ringard, c'est jamais gratuit et toujours ambitieux, et même parfois expérimentale.
D'un rythme assez lent, le gros problème du film est sa durée, il est bien trop long, le concept du film trouve vite ses limites dans la durée, alors bon on sent que le film par moment change d'axe, de continents même, il prend une certaine envergure pour au final finir dans un climax au sein d'une chambre comme dans le film précédent, bien que plus riche peut être visuellement, celui-ci est beaucoup moins intense.
Pour finir: bien qu'imparfait, il y a des choses à sauver, et puis bon faut dire les choses aussi, c'est beau John Boorman à la réal, Richard Burton, Louise Fletcher, Linda Blair pour les premiers rôles, c'est surtout Ennio et ses choeurs qui savent installer une ambiance spirituelle au film.