Critique contenant des spoilers sur le retournement de situation en milieu de film.


Dans ma critique de l'Expérience interdite, j'avançais l'idée qu'il serait intéressant d'en voir un remake moins porté sur l'action que sur la réflexion, et qui chercherait à se questionner sur tout ce qui pourrait découler du fait d'avoir vécu la mort et d'y avoir survécu, plutôt que de se contenter à nous ressortir l'éternel thriller à suspens se reposant sur un danger invisible. Sorte de Griffes de la nuit en moins sanglant, il manquait de profondeur et, l'espérais-je, cette suite/remake pouvait rattraper le tir.


Principal problème, c'est qu'il ne sait pas où se situer : reboot, remake, suite, il manque tellement de bases solides qu'il va même reprendre Kiefer Sutherland pour jouer un médecin portant le même prénom que son personnage d'origine, sans le faire plus intervenir que pour jouer le professeur dans une scène ou deux, lui interdisant tout impact possible dans l'intrigue (dont une possibilité d'aider cette nouvelle génération d'étudiants mégalo, par exemple) et ne reliant jamais cette version 2017 à celle de 1990.


Et si je demandais une vision plus intellectuelle, ce n'est certainement pas ici que je vais la trouver : le concept de base ayant été rabaissé au strict minimum (soit un film d'épouvante banal des années 2010), on ne cherche même plus à partir dans quelques pistes de réflexion, tout autant que le temps est passé à tenter de pomper les Destination finale (tant dans la mise en scène des meurtres que dans la manière de parler de cette force qui pourchasse la vie).


Ce ne serait pas catastrophique si le film respectait au moins le spectateur en lui fournissant une atmosphère un minimum originale; certes efficace, elle n'impressionne pas assez pour faire oublier la stupidité de son scénario, qui se résume finalement à une histoire de culpabilité d'une effarante simplicité, intrigue qui se résout avec une banalité affreusement bâclée. "Tout ça pour ça" semble ici trouver tout son sens, tant le suspens levé jusqu'ici retombe, par sa résolution trop vite expédiée, comme un pétard mouillé, sans atteindre le crescendo de suspens évoqué.


Et c'est dommage, parce que je voulais y croire, à cette histoire. D'autant plus que cette prise de décision de virer un personnage en plein milieu du film m'avait passablement intrigué; c'était pour le coup intéressant de virer, à la Psychose, les clichés d'un genre qui suit, la plupart du temps, les mêmes évolutions pour les mêmes personnages. Encore mieux qu'étrangement, le film ne finit pas sur une fin ouverte, lui préférant un dernier plan plein d'empathie et de souvenirs, à la signification laissant libre court à l'interprétation.


Certes pas de la réflexion d'un Craven ou d'un Villeneuve, cette fin tout en finesse démontre un certain talent jusqu'ici absent, tant au niveau de l'habileté de la mise en scène et du montage que du talent des acteurs (ne parlons pas de l'impassibilité frappante de Diego Luna, casting heureusement rattrapé par la présence d'une Ellen Page impliquée pour tous les autres acteurs), forcément handicapés par des personnages mal écrits.


Il y a d'ailleurs, dans cette volonté de changer des codes habituels, la surprenante de ne tuer que la personne saine : si l'on prend les autres protagonistes pour ce qu'ils sont, soit des clichés sur patte que l'on tuerait si les scénaristes ne devaient pas s'en charger, il paraît désarçonnant de voir que la seule personne pure du groupe, celle dont les regrets ne peuvent être effacés, est finalement celle qui doit mourir, du fait que les pires sévices se font, dans ce film, sur des personnes vivantes.


Morale de Flatliners, les meilleurs partent les premiers. Et qu'on ne me parle pas de cette pseudo histoire de rédemption; il ne peut y avoir de demande de pardon sincère si c'est pour ne pas assumer ses actes devant la culpabilité/la mort : comment peut-on croire qu'ils sont tous devenus des gens "bons" si le film lui-même nous apprend qu'ils ne regrettent les conneries faîtes que parce qu'ils risquent d'en mourir? Le principe est idiot, la manière d'aborder les thèmes de la culpabilité aussi.


Fade, sans grand intérêt si ce n'est pour son retournement de situation, il rappelle, au niveau de sa mise en scène, l'horreur fade et superficielle du remake des Griffes de la nuit, le Freddy mollasson de 2010.

FloBerne

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