Encore un Tatsumi Kumashiro intéressant

Drôle, désespérant, pour tout dire profondément humain où espoirs et bassesses, stupre et fidélité s’entremêlent. Nous sommes loin des clichés du genre et Naomi Tani est pratiquement utilisée à contre-emploi. Le découpage de l’histoire est également intéressant. Loin de saupoudrer son film de scènes chaudes, Kumashiro concentre tout au début et surtout dans une fin longue et paroxystique. Les personnages parfaitement incarnés, ont une réelle profondeur : Naomi Tani en femme réservée intérieurement dévorée par sa sexualité refoulée, Meika Seri actrice expérimentée et infiniment jalouse et surtout Shin Kishida réalisateur passionné, maquereau pour son art et amoureux prêt à tout perdre.
Kumashiro décrit donc ce milieu du roman porno sans l’enjoliver. Ces héros peuvent être vils, la méthode de recrutement d’Ikuyo par Juzo est odieuse et violente par le mensonge, la flatterie, la pitié, la manipulation, le chantage, le viol et ressemble étrangement aux techniques du proxénète vis à vis de ses filles. Au-delà, tous les personnages sont traversés par l’amour, c’est la seule chose qui peut les sauver.
On appréciera les qualités techniques de lumière, de cadrage, de montage et le plan où on devine Naomi Tani en uniforme scolaire.
Black Rose Ascension a une tonalité étrange : un bon film qui nous laisse rempli de malaises du fait des qualités du réalisateur. Une belle rose noire dont la couleur nous gêne.