Les mousquetaires has been et un Leonardo en double

Les Américains adorent se payer nos fioles et prendre des libertés avec notre Histoire de France. Ici, le scénariste de Braveheart passé à la réalisation, s'en donne à coeur joie dans cette version rajeunie destinée au goût du public d'aujourd'hui plus avide de scènes d'action que de rivalités de palais. Le roman d'Alexandre Dumas est donc déformé d'une façon éhontée car Randall Wallace viole sans vergogne Dumas en réinventant le destin des 4 mousquetaires les plus célèbres, mais aussi celui de Louis XIV en une ultime pirouette.
Le réalisateur sabre l'Histoire, mélange tout, bouscule tout, télescope les clichés et ne prend rien au sérieux dans ce scénario complètement improbable, et les personnages des mousquetaires vieillissants joués par de grands acteurs sont ridiculisés inutilement (surtout Gégé Depardieu en Porthos péteur qui en prend plein la gueule). En Amérique, ça doit plaire, mais chez nous c'est une autre histoire, on admet assez difficilement en tant que Français de voir qu'un film inspiré d'un sujet obscur de notre Histoire soit autant traité par dessus la jambe par des Ricains. Seul Leonardo Di Caprio n'est pas trop égratigné en jeune Louis XIV dans cette caricature souvent outrancière fomentée par Wallace. Ces réserves étant faites, il faut évidemment mieux prendre ce film au second degré même si ça coince un peu quelque part, et se laisser étrangement prendre à ce jeu de massacre, grâce surtout à un casting éblouissant, aux beaux décors de nos châteaux français et au luxe de moyens déployés, et ce en dépit d'une réalisation qui manque cruellement de personnalité et de panache ; heureusement, ça ne peut pas être pire que Les 3 Mousquetaires de Paul W. Anderson.