L'Hypnotiseur par Hugo Harnois
Nous vivons dans une période où les séries télévisées sont à leur apogée. Certains voient même en elles l'avenir du cinéma. Les Experts, FBI Porté Disparu, Boston Justice, Cold Case sont autant de récits qui invitent au suspens. Et à force d'être confronté à ce genre de narration, le spectateur commence par devenir insensible. La preuve aujourd'hui avec l'efficace Hypnotiseur, qui ne restera pas dans les mémoires.
L'occasion était trop belle pour Lasse Hallström : adapter un best-seller suédois en signant son premier thriller, tout en retrouvant sa terre natale. Mais qu'est ce que raconte L'Hypnotiseur ? L'histoire d'une famille sauvagement assassinée, où seul le fils, tombé dans le coma, a survécu. On comprend pourquoi le cinéaste s'est penché sur ce polar à l'ambiance glaçante. Dans un Stockholm terne et sec, l'ambiance et les personnages sont aussi froids que le voudrait la tradition suédoise. Le cadre très soigné du réalisateur est accompagné d'une composition en parfait accord avec le climat de l’œuvre. En prime, on y trouve une histoire bien ficelée qui apporte son lot de surprises pour faire vibrer le spectateur quand il faut.
Ces bonnes intentions sont honorables, certes, mais ne suffisent pas à en faire un polar de haute tenue. Certaines incohérences dans le scénario (les victimes font elles-même l'enquête, le flic n'attend pas de renfort pour chercher le coupable...) ternissent quelque peu l'ensemble. Et si nous n'avons aucun reproche à faire aux acteurs (Mikael Persbrandt hypnotise autant qu'il fascine), leurs personnages sont malheureusement des archétypes de ce genre cinématographique : le flic solitaire n'ayant pas de vie privée, et le couple au bord de la rupture alors qu'un drame va le ressouder.
Pour en revenir à notre introduction, L'Hypnotiseur est un film de qualité et son récit s'inscrit dans la vague littéraire suédoise du moment. Mais aujourd'hui, le public s'attend à tout, ou presque, puisque trop d'intrigues ont été digérées. Nous ne pouvons pas, par exemple, avoir de Shutter Island tous les mois, car tout le monde n'écrit pas comme Lehane, et personne ne filme pas comme Scorsese...