L'inhumaine est un film surhumain de L'Herbier

Fortement conseillé par mon ami spécialiste du cinéma muet qui, comme d'autres personnes l'ayant découvert récemment, près d'un siècle après son tournage, a succombé à son charme si particulier.

Il faut parfois se méfier des films aux excellentes réputations, mais pas "L'inhumaine" : il mérite toutes les éloges qu'on peut lui donner, y compris celles de ma critique.
A la fin de la séance, après plus de deux heures, je me suis dis : « C’est tout ? », et à un moment, j’avoue avoir été complètement hypnotisé.
A même pas dix minutes de film, il y a déjà un moment magique : on voit Elnar partir de chez lui, rejoindre à toute berzingue la demeure de Claire : on a des plans subjectifs de la voiture à fond, on a aussi une vue sur la route et en surimpression la fête de Claire. Là, je me suis dis : « Si il y a des morceaux de films comme ça pendant deux heures, je tiens un chef d’œuvre. » et des idées comme celles là : L'Herbier en a un paquet.
« L’inhumaine », c’est 123 minutes de mouvements de caméras, de montage, de décors complètement fous. C’est comme un trip dont la bande-son jazzy est indispensable, colle totalement à l’ensemble : souvent ce n’est même pas de la musique mais des bruits, des petits grincements, même un peu de chant, ce genre de choses. « L’inhumaine » : c’est une idée de plan (comme l’ombre d’une porte ou d’une fenêtre directement sur la caméra), de décor toutes les dix secondes. Je cite (sans révéler pourquoi) le « Quelque chose » apparaît sur des plans d’Elnar, avec des polices de caractères différentes.

L’histoire ne casse pas des briques mais elle est agencée de manière très originale : même si il y a même pas dix rebondissements en deux heures, j'ai été hypnotisé par ces décors en art-déco magnifiques et intemporels, ces plans tellement originaux, ce montage assez génial, la musique impeccable et l’interprétation tout ce qu’il faut dans le surjeu : les interprètes surjouent mais c’est justement parfait pour l’histoire.