Dans la seconde moitié des années 70, suite au succès sans précédents des Dents de la mer, le film d’agressions animales redevient un genre porteur et les cinéastes rivalisent d’imagination pour proposer des bestioles inédites menaçant l’humanité. Joe Dante réalise ainsi le très divertissant Piranha en 1978, rapidement salué par Spielberg lui-même comme le meilleur décalque de son chef-d’œuvre. Les Italiens, toujours prompts à sauter sur une mode cinématographique, ne tardent pas à répliquer avec cette Invasion des piranhas de bonne facture. Dans la grande tradition du bis, le métrage mélange en effet, de manière un peu forcée , le film d’aventures, l’horreur, le cinéma catastrophe et l’intrigue policière.
Le scénario se veut touffu et commence par un audacieux cambriolage. Une équipe de gangsters s’empare d’une belle quantité de pierres précieuses et décide de cacher le butin durant soixante jours en attendant que l’affaire se tasse. Les joyaux sont déposés au fond d’un lac mais, méfiant, un membre du gang nommé Paul Diller va y placer de féroces piranhas, lesquels dévoreront deux des criminels. L’arrivée d’un ouragan compliquera néanmoins la situation en détruisant un barrage, libérant dans la baie les eaux du lac infestées de piranhas. Les gangsters, réfugiés sur le bateau accidenté d’un photographe escorté d’une mannequin, se retrouvent alors piégés aux milieu des flots…
A la mise en scène, le vétéran Antonio Margheriti (caché sous son pseudonyme coutumier d’Anthony M. Dawson) assure le boulot avec professionnalisme mais est limité par son budget et emballe correctement (mais sans plus) le métrage en jouant la carte de l’exotisme. Le casting, pour sa part, rassemble une belle poignée de têtes connues, menées par un Lee Major tout auréolé de sa célébrité dans la fameuse série télévisée « L’homme qui valait trois milliards ». A ses côtés, on découvre Karen Black, précédemment vue dans Capricorn one, 747 en péril et le Trauma de Dan Curtis. La belle débutante Margaux Hemingway est également de la partie. On la verra ensuite dans une poignée de thrillers érotiques comme Inner sanctum 1 & 2 de Fred Olen Ray avant son suicide en 1996. Enfin, L’invasion des piranhas nous permet de retrouver, dans le rôle du grand méchant, James Franciscus, vu dans des titres aussi divers que Le secret de la planète des singes, La vallée de Gwangi, Le chat à neuf queues et SOS Concorde. Notons encore, dans un rôle secondaire, la présence d’une des figures cultes du western spaghetti en la personne d’Anthony Steffen qui incarna Django, Ringo ou Sabata dans d’innombrables séries B de qualité variables. Des interprètes pas toujours très motivés et desservis par des dialogues d’une grande banalité mais le plaisir de voir rassembler tout ce petit monde suffit à rendre l’ensemble divertissant. L’humour, un peu lourd, contribue lui-aussi à la bonne humeur d’un métrage sans prétention et en rend les invraisemblances nombreuses supportables.
Pour une production à petit budget des années 70, la séquence de rupture du barrage se révèle de bonne facture et les effets spéciaux sont convaincants. Les flots d’eau détruisent une partie du décor de manière spectaculaire avant que les piranhas ne commencent à dévorer leurs victimes avec une bonne santé réjouissante même si on eut aimé que le temps de présence des petits monstres ne soit plus conséquent.
J'ai apprécié en particulier un certain Ollie, obèse bisexuel efféminé à la voix agaçante et aux manières caricaturales. Particulièrement insupportable, Ollie finira dévoré jusqu’à l’os par la poiscaille dans la séquence la plus sanglante du film. Plus mouvementée, la dernière demi-heure du film oscille, pour sa part, entre huis clos à pseudo suspense sur un bateau échoué et attaques de poissons carnivores. Ces dernières sont raisonnablement efficaces mais timides en matière de gore. Les bestioles déchiquettent des bouts de tissus, mordillent des lambeaux de chair et de gros bouillons écarlates viennent teinter l’eau même si la violence et l’horreur restent timorées. Rien de très innovant
On a connu quand même plus palpitant.

HenriMesquidaJr
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le 11 août 2016

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