Même s'il a joué dans un paquet de westerns, dont les bons L'Homme des vallées perdues (George Stevens, 1953) et L'Aigle solitaire (Delmer Daves, 1954), et qu'il est cité dans une chanson de Boris Vian (l'excellente « Cinématographe »), je n'ai guère d'admiration pour Alan Ladd, dont les faux airs de Tintin mal vieilli et le jeu fade confèrent un charisme proche du néant. Si c'est son nom qui tient ici le haut de l'affiche, le principal intérêt de L'Or du Hollandais réside d'ailleurs dans le personnage interprété par Ernest Borgnine (John McBain), et non le sien (Peter Van Hoek).
Incarcéré à Yuma (Arizona) avec McBain, Van Hoek dit « le Hollandais » est relâché le même jour, et propose un marché à son ex-co-détenu. Celui-ci, qui vient de purger dix ans pour meurtre, refuse de mouiller dans toute combine malhonnête qui pourrait le renvoyer ad vitam æternam derrière les barreaux. Les deux hommes se retrouvent peu après à Prescott, où le Hollandais travaillait en tant qu'ingénieur et géologue dans les nombreuses mines du coin, et où il s'est fait piéger et envoyer en prison par un homme du tycoon local, Lounsberry. Ayant seul connaissance de l'existence d'un énorme filon d'or, il sollicite à nouveau, malgré son animosité, l'aide de McBain, qui en était le propriétaire avant de s'en faire dépouiller par le beau-frère de ce même Lounsberry. Séduit par la perspective de voler à celui qui l'a volé ce qui lui appartient à la base, McBain accepte finalement le contrat. Avec l'aide du sapeur mexicain Vincente, les deux hommes vont mettre au point un plan savamment orchestré de cambriolage de minerai, supposé leur rapporter plusieurs centaines de milliers de dollars...
Cet avant-dernier des huit westerns réalisés par Delmer Daves offre donc un scénario plutôt alambiqué, mais loin d'être inintéressant : dérober plusieurs dizaines de kilos de rocaille veinée d'or en plein jour, dans un puits de mine désaffecté mais situé juste à côté d'autres encore en exploitation, ce n'est pas banal ! La longue et très bonne scène de la mine vient donc agréablement relever le niveau, car le reste est loin d'être grandiose. Si l'amourette entre Borgnine et Anita, la Mexicaine interprétée par Katy Jurado, reste relativement crédible, l'intérêt d'Ada (Claire Kelly), la maîtresse de Lounsberry, pour le Hollandais l'est beaucoup moins. Inégal, The Badlanders est incontestablement le moins bon des westerns de Daves, mais reste un divertissement honnête, une série B correcte comparable à un petit Randolph Scott. C'est d'ailleurs amusant de voir que le décor de la petite ville est le même que celui utilisé par ce bon vieux Randy dans L'Aventurier du Texas, la même année...