A peaceful childhood

Longue est la liste des réalisateurs Français ayant traversé l'Atlantique pour embrasser le rêve américain. Rare sont ceux qui n'ont pas rapidement déchanté. Parmi ces personnes, ayant réussi à s'adapter aux contraintes de l'industrie cinématographique US, on trouve Alexandre Aja. Remarqué pour son efficace Haute Tension, il est approché par les studios pour venir faire couler du sang sur le sol Yankee. En ressort, trois ans plus tard, La Colline à des yeux. Un des remakes horrifiques les plus réussis de ces dix dernières années.

Depuis, Aja a réalisé, et produit du bon ( Horns, Maniac) comme du mauvais ( Mirrors) mais toujours en restant dans un univers horrifique très codifié. C'est donc avec surprise et curiosité qu'on découvre La 9eme vie de Louis Drax.

En effet, de par son synopsis, et la bande-annonce diffusée, l'auteur semble s'éloigner de sa zone de confort. Exit les rednecks mutés, les esprits vengeurs ou encore les poissons assoiffés de sang, on retrouve ici un univers plus proche de notre quotidien : La chute d'une falaise d'un enfant et les circonstances qui ont amènes à cet incident.

Nous sommes placés aux côtés de Louis Drax. Il nous conte son accident et contextualise cet évènement en nous narrant sa courte vie. Nous suivons en parallèle le docteur Pascal, tentant de comprendre la situation et d’accompagner la mère dans ce tragique moment.

Le récit se construit donc sur ces deux axes alternant ainsi le passé et le présent pour mieux comprendre le mystère entourant ce drame.

En adoptant le point de vue de l'enfant, Aja s'offre la possibilité d'instiller un aspect fantastique dans son œuvre. Cela commence par la description des différents moments où Louis frôle la mort, pour poursuivre de manière plus franche lors de sa phase comateuse. En effet, le contrôle, qu'une personne peut exercer sur sa raison, n'a pas de prise ici. Il est donc normal que parfois la réalité narrée soit altérée. En choisissant cet axe narratif, l'auteur insuffle une certaine légèreté à la situation.

Ceci est d'ailleurs renforcé par le caractère même de l’enfant. Ce dernier possède une maturité sur certains aspects de la vie qui, raconté avec le vocabulaire de son âge, crée un décalage. Ainsi, la connaissance des faits s'effectue en douceur et évite d’évoluer dans une atmosphère malsaine.

Le docteur Pascal, lui, évolue dans un monde brut là où la vérité se révèle bien plus cruelle que Louis ne laisse penser. C'est d'ailleurs dans la confrontation de ces deux réalités que réside le cœur de l'intrigue.

L'évolution parallèle de ces deux protagonistes permet de recouper les informations de l'un en fonction des propos de l'autre. Ce procédé renforce l'implication du spectateur, l'amenant à tirer au clair cette histoire au fil des découvertes.

Dans l'ensemble, l'œuvre ne recèle pas de défauts entachant le plaisir que l'on ressent à deviner la clé du mystère. Les acteurs fournissent une performance parfaite et le rythme, lent, permet de se familiariser avec les différents protagonistes. Ce tempo facilite l'immersion du spectateur en le poussant à émettre ses propres hypothèses sur ce qui s’est réellement passé lors de l’anniversaire de Louis Drax.

On peut certes déplorer le manque d'originalité autant dans le cœur du récit que dans son traitement, mais Aja a le mérite de livrer cela avec efficacité.

En somme, la 9eme vie de Louis Drax est un film tendre et cruel qui nous offre de très bons moments. Bien qu’étant convenu d'un point de vu narratif, il marque une évolution dans la carrière du réalisateur : sa capacité à aborder de nouveau genre. C'est donc avec une certaine impatience et une grande curiosité, qu'on attend son prochain projet : Smart House.