Plus que tout au monde...

La Belle et la Bête, comme l'on sait déjà à quoi s'attendre pour l'histoire, la surprise ne peut venir que de la façon dont elle va nous être contée.

Un livre s'ouvre, les mots deviennent images et une histoire prend vie. C'est celle de Belle, de ses frères et sœurs, de son père, de leur infortune jusqu'à la découverte d'un monde à part, celui de la Bête. D'un quotidien de déchéance sordide, l'on entre dans un merveilleux mystérieusement sombre où la vérité ne se dévoile qu'en songe.

Happé par la magie des paysages et d'un château maudit labyrinthique où la pierre fait corps avec la nature qui l'entoure, l'immersion est totale, la découverte enchanteresse. La majesté de la Bête, les toilettes somptueuses de la Belle, tout ce décorum est absolument superbe, un écrin digne d'un conte de fée.

Il est toutefois regrettable d'avoir su créer un univers aussi réussi sans parvenir à insuffler une aura aux personnages qui le peuplent.
La Bête a un minois velu fort sympathique et s'il en jette en costume, il n'a pas le charisme du prédateur qu'il est sensé être. La Belle aussi a un minois sympathique ( et imberbe ) mais la malheureuse déclame son texte comme si elle parlait météo. Son expressivité ne se trouve pas dans son ton monocorde mais dans sa respiration hachée par l'émotion lors de quelques scènes. Insuffisant !

La Belle est séduite par le prince de jadis dont elle découvre le passé par bribe chaque nuit, mais qu'en est-il de la bête du présent ? Leurs brèves confrontations sans paroles ou si peu ne génèrent aucune alchimie entre eux. C'est bien là le point le plus décevant du film.

Les personnages secondaires remplissent leur rôles à merveille. Les ressorts comiques campées par les sœurs de belle, apportent un peu de pétillant, Audrey Lami dégage une énergie communicative toujours aussi rafraichissante.

Le récit suit son cours au rythme des pages qui se tournent, parfois un peu trop lentement, jusqu'au final grandiose mais sans réelle intensité. La conclusion attendue est au rendez-vous.

La Belle et la Bête, une réussite visuelle pour une déception émotionnelle.