Une descente aux enfers froide et drôlatique

Chabrol nous livre avec "La Cérémonie" un chef d’œuvre de précision en terme de mise en scène, un suspense psychologique impressionnant, voire même absolument terrifiant, disséquant les mécanismes du meurtre, mais surtout ceux de la frustration, de l'humiliation, du mépris, de la méchanceté... Tous les acteurs sont bien entendu impeccables (avec quand même une mention particulière pour Sandrine Bonnaire, glaciale), et le tout a une force - psychologique, mais pas seulement - redoutable. En ce sens, "La Cérémonie" est l'un des films les plus violents jamais réalisés : une remarquable descente aux enfers, froide mais parfois drôlatique (Huppert est ici irrésistible en folle furieuse), menée par un Chabrol en pleine maîtrise de ses moyens. Un Chabrol qui arrive - enfin - à transcender son habituel discours sur la province française et la haine et la violence qui fermentent derrière la bonne bouffe et la télé. Vu de 2013, alors que la décomposition du lien social s'accélère en France, notre sympathie ira sans doute plus franchement qu'en 1995 pour "les autres", dont la bourgeoisie - et les politiciens - considèrent que les malheurs sont sans conséquence aucune : faudra-t-il que s'organise une telle "cérémonie" hallucinée pour mettre fin - définitivement - à l'absence de dialogue ? [Critique écrite en 2013]

Eric BBYoda

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