De retour après un séjour obscur en prison, Arthur est marqué par la disparition de son grand amour et les retrouvailles mi-figue mi-raisin avec la bande dont il est le chef, grâce à son don pour dénicher des objets funéraires, véritables bijoux archéologiques que le groupe revend au noir.
Expérience cinématographique tenant presque de la fouille archéologique tant le propos est marginal, La Chimère est riche en curiosités, qui, mises ensemble, forment une histoire cohérente bien que décalée, voire ésotérique.
La première curiosité qui frappe est le lieu, un village italien qui semble concentrer l'opposition campagne-ville. Un village sur le déclin, où Arthur habite dans une cabane misérable, quand il ne trouve pas refuge chez la mère de sa bien-aimée, une riche demeure à présent décrépie.
Des lieux hantés par le passé, par les souvenirs, mais aussi par un futur idéal, comme la gare abandonnée réhabilitée en communauté de vie entre femmes et enfants. De plus, le grain de la caméra bouscule notre interprétation temporelle et donne au film un air intemporel.
Le thème central, le trafic d'objets d'art, est une clef d'entrée astucieuse qui enrichit le scénario et participe aussi à l'esthétique du film. Le film pose un débat sociétal, voire anthropologique sur notre représentation contemporaine du sacré et du profane. En jetant ça et là des références à la civilisation étrusque, en filmant avec beaucoup de délicatesse et de respect les statues funéraires, le film entame une réflexion sur nos valeurs, et finalement sur ce qui nous rend humains. Tandis que pour le personnage principal, un Anglais, incarné brillamment par Josh O'Connor, les trésors archéologiques semblent relever plus de la passion, le reste du clan et leur rival n'y voient qu'une source de revenus.
Il y a aussi du romantisme et de la poésie. Une autre référence antique est celle du fil d'Ariane, figure mythologique, qui semble montrer les travers de l'amour, fil conducteur mais proprement labyrinthique et dangereux. Pour finir, on peut relever les deux chansons interprétées dans le film. Introduites de manière assez grossière, elles servent à poser en terme plus concrets et politiques les enjeux du scénario.
Un patchwork osé, sibyllin, mais consistant.