Olympus’s Ass Fallen

"Mec t’as vu la bande-annonce de ce film ?"
"Ouais, y a Morgan Freeman, j’ai envie de le voir"
"Mouais, j’ai l’impression que c’est un vieux film d’action"
"C'est vrai j’ai pensé la même chose au début mais y a Morgan Freeman"
"Ouais ‘fin y a Gerard Butler aussi"
"Pas faux, mais y a Morgan Freeman"
"Oui ben j’ai compris, n’empêche que Butler, c’est un signe"
"Et Aaron Eckhart, t’en fais quoi ?"
"Eckhart ? C’est juste une feinte"

Et là normalement une personne avertie doit arriver et dire "De toutes manières c’est réalisé par Antoine Fuqua", qui met tout le monde d’accord.

Quand on voit ce genre de titre, on est immédiatement tenter de penser que ce sera un bon thriller actif, en plus avec Morgan Freeman, franchement, qui ne penserait pas que ce soit un minimum sérieux et recherché avec un scénario plutôt bien ficellé? Et ben manque de bol vous avez Gerard Butler à l’accompagnement (autant vous dire que les films sérieux avec lui, y en a pas des masses, même Rock’n’rolla est un film assez fracassant) et idem quand on sait que c’est Antoine Fuqua qui réalise, rien qu’à voir Shooter ou Training Day en dit long sur la personne (de bons sujets souvent bien développés rapidement rattrapés par l’action).

Bref la bande-annonce était quand même assez claire, je m’y attendais donc.
Dès le début j’ai eu quelques frayeurs. Après l’une des plus grosse erreur de montage du cinéma (un plan diffusé 2 fois de suite, comme si on avait rembobiné le film (à moins que ce soit une erreur exceptionnelle de la bobine elle-même)) suivi peu de temps après par un flashback inutile dont la justification est plus que douteuse, j’ai vraiment cru que j’allais assister à des scènes meublées en post-prod pendant 2h. Heureusement non, après cela plus rien de tel.
Hormis ces deux passage donc, on peut dire que la réalisation du film est honnête. On appréciera même quelques séquences comme celle de l’affrontement des hélicoptères contre une tourelle de défense vers la fin, où l’on pourra entrevoir le combat à travers le radar/console. Ou encore l’assaut même de la maison blanche qui s’avère tout de même assez haletant et bien que le suspens n’est pas vraiment présent (puisque le titre du film nous dit ce qui va se passer), on est facilement pris dans l’action et cette confrontation entre les assaillants et les hommes d’armes du président sonnera presque comme une séquence d’affrontement entre les armées du Gondor et celles du Mordor (le fantastique et l’épique en moins).

On notera également, et c’est là je pense tout le talent de Fuqua, un véritable mélange de style, ou du moins un désir de réalisation en ce sens. À moins que ce ne soit du pure amateurisme de sa part. Lorsque le héros et son fils sont cachées entre les murs, Butler qui communique avec le méchant et s’envoient des vannes entre eux, la fin et le retournement de situation (in)attendu (qui se sentait venir comme un pet de cochon), les multiples gadgets improbables des différentes machines ou encore la relation naissante entre le président et sa conseillère, sont autant de références à différents films de différents genres et de différents styles selon moi. Nous noterons également l’avion qui percute l’obélisque et le fait s’effondrer partiellement verticalement, nous rappelant furtivement les incidents du 11 septembre, ou encore l’explosion du bus quelques minutes après qui s’apparente aux attentats d’Angleterre, également contre un bus.

Avec tout ça, on a malgré tout affaire à un film d’action pure et dure, et s’il se contentait d’être un film d’action, peut-être que ça passerait.
Malheureusement il nous faut nous confronter à un Boeing muni de diverses mitrailleuses latérales amovibles et d’une tourelle de défense digne de la Guerre des Etoiles sur les toits de la maison blanche. Si encore on n’avait pas affaire à des agents de sécurité incapable de se défendre correctement et se faisant plumer comme des canards à l’entrée et à l’intérieur de la maison quand leurs adversaires sont bien à découvert dans les jardins, bien exposés. Si on n’avait pas affaire à des conseillers d’états complètement idiots, pas capables d’avoir deux sous de logique et de bon sens. Si encore on n’avait pas affaire à un président lui-même aussi stupide que ses sujets… ah non ça encore c’est peut-être réaliste. Si enfin on n’avait pas affaire à des élans de bravoures pitoyablement ridicules.
Bref une fois toute cette succession d’éléments affligeants passée on peut enfin commencer à apprécier le film.

Par ailleurs on constatera des effets spéciaux assez bidons, un peu moyens quand même, entre autre lors de la scène de l’obélisque. Mais bon ça reste du divertissement popcorn de choix sans prise de tête, mais faut pas en demander plus.

Attention: Ne pas confondre ce film avec "White House Down", qui signifie aussi "La chute de la maison blanche", mais réalisé cette fois par Roland Emmerich avec en vedette Jamie Foxx et qui ne sortira que fin 2013.