Dès la première séquence, la réalisatrice tente de rejeter tout regard critique que nous pourrions porter sur Thatcher : c'est une dame âgée dont la raison vacille qu'elle met en scène, non celle dont le bilan social est plus que controversé, c’est une femme luttant contre la maladie qui tente de rester digne qu’elle nous propose de redécouvrir, non celle dont le bilan économique est, sur certains points, contestable. Ayons de l'empathie pour celle qui malgré son sexe, malgré ses origines sociales modestes a gouverné le pays. Soyons indulgent avec celle qui sacrifia sa vie de famille, afin de servir son pays. En dernier ressort, compassion et pitié sont invoqués.

Les premières images d'elle, jeune, la mettent en scène durant les bombardements de la seconde guerre mondiale. N'écoutant que son courage et sous le regard admiratif de sa famille, la petite Maggie sort de son frêle abri et sauve le beurre qui restait à découvert. Courage, sens du sacrifice, obstinée, voici les qualités qui "doivent" la définir.

La réalisatrice se contente alors de multiplier les flash-backs introduits de façon assez mécanique : « je vois un objet, me voici transportée 30 ans plus tôt » ou « je danse avec mon défunt mari et me voilà 40 ans plus tôt ». Cela permet un survol rapide de l’ascension, puis de l’action de Thatcher en tant que premier ministre. Là, se pose un des problèmes majeurs du film : les événements sont des extraits d’archives et leur image possède ainsi un autre statut. Ils ne servent qu’à affirmer la détermination de Maggie. Mineurs en grève, attentats de l’IRA, manifestations contre la Poll Tax, guerre des Malouines ne sont plus que des flashs violents, des obstacles que doit surmonter l’opiniâtre Margareth. Pas d’analyses, pas de temps à perdre : mineurs ou soldats morts appartiennent à l’Histoire, à un passé lointain, révolu. Il ne reste qu’une vieille dame qui se souvient des plaisanteries de son époux, de la fois où, lors d’un repas, elle apprit à se servir des couverts dans l’ordre, etc. Il ne reste qu’une œuvre tendancieuse qui oublie le politique et se vautre dans le « people ».

On pourrait sauver de ce film la prestation de Meryl Streep, mais n’est –elle pas un peu vaine ?
Solsbury
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le 30 avr. 2013

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Solsbury

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