Née il y a 30 ans en Argentine, Sofia Quirós Ubeda a fait des études en Design du Son et de l’Image à l’Université de Buenos Aires. Son premier court métrage de fiction, "Entre la Tierra", a été réalisé en 2015. En 2017, son court métrage "Selva" avait été retenu par la Semaine de la Critique cannoise. Un court métrage dans lequel le rôle principal était tenu par une jeune adolescente âgée alors de 11 ans, Smashleen Gutiérrez. On retrouve Smashleen 2 ans plus tard dans "La danse du serpent", le premier long métrage de Sofia Quirós Ubeda, le premier long métrage du Costa Rica sélectionné à Cannes, une fois encore à la Semaine de la Critique. Dans ce film, très féminin comme l’est une grande partie du cinéma costaricain, elle se prénomme toujours Selva et elle est prodigieuse. Sur le tapis rouge, n’oubliant pas l’Argentine, Sofia Quirós Ubeda portait à son poignet un foulard vert, symbole du combat des femmes argentines pour le droit à l’avortement dans leur pays.
Comment ne pas être particulièrement élogieux face à "La danse du serpent" ? Une intrigue qui pourrait tenir sur un timbre poste, le premier long métrage d’une jeune réalisatrice … Et nous voilà face à un film dont l’intérêt ne faiblit jamais, un film très poétique et remarquablement filmé. Un film qui mélange avec bonheur observation du quotidien et tension magique, un film dans lequel la nature est un personnage à part entière qui aide à l’évolution d’une jeune fille qui, tout en étant confrontée à la mort, abandonne son enfance pour passer à l’adolescence. La mort, Selva la voit comme une transformation, une re-naissance, à l’image des serpents qui changent de peau et retrouvent une nouvelle vie. Dans La danse du serpent, le côté fantastique n’est jamais appuyé, il vient prendre sa place de façon très naturelle à côté du réalisme et nous, spectateurs, sommes en quelque sorte hypnotisés par cette poésie trouvant sa source dans ce surnaturel discret. En fait, le cinéma de Sofia Quirós Ubeda n’est pas sans faire penser à celui de Apichatpong Weerasethakul, un Apichatpong Weerasethakul « light » et qui, surtout, aurait oublié d’être abscons.
Il y a 2 semaines, à propos de la sortie de 'Une mère incroyable', nous nous félicitions de la présence dorénavant très visible du cinéma colombien dans la cinématographie mondiale et, plus généralement, de la place de plus en plus importante prise par le cinéma sud américain dans les festivals. Si on fait une petite entorse avec la géopolitique en classant ce pays en Amérique du Sud ou bien, tout simplement, si on étend notre propos aux pays latino-américains, c’est aujourd’hui vers le Costa Rica qu’on tourne notre regard. Un pays qui, en particulier depuis les années 70, s’implique dans la production cinématographique mais dont les retombées sur nos écrans ont, jusqu’à présent, été très faibles. 'La danse du serpent' ne peut que nous donner l’envie de mieux connaître le cinéma de ce pays.

Corrio
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le 29 févr. 2020

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