La Divine
7.5
La Divine

Film de Wu Yonggang (1934)

Eloge du libéralisme débridé (attention SPOILER et BEAUCOUP D'IRONIE!)

Des tas de gens de la masse populaire inculte (ou de la bourgeoisie complexée "bien-pensante") pensent que c'est triste et honteux qu'une mère doive se prostituer pour survivre et élever son fils. Ces totalitaires en herbe qui aiment voler de l'argent à des PDG "par la force armée" (Oh mon dieu il ne me reste plus que 3 millions pour vivre! Quel scandale! Comment élever avec ça mes 8 enfants tuberculeux?!) n'ont pas vu l'ordre naturel des choses dans ce film.
Le vrai héros ici est en fait l'honnête entrepreneur proxénète, brave homme souriant à l’embonpoint sympathique, générateur de richesses, self made-man analphabète (pas besoin de l'école bénéficiaire du vol de l'argent des honnêtes citoyens) et motivateur d'une ouvrière capricieuse (sans doute une saleté de gauchiste) en menaçant de vendre son fils. Sur ce dernier point on peut quand même le critiquer puisqu'en ne vendant pas le marmot il se prive de davantage de richesses, et donc ne stimule pas davantage la consommation et la croissance économique.
Ce film fait un parallèle entre d'un côté :
- le parcours exemplaire de notre grand adepte de la liberté économique qui en générant de la richesse fait le bonheur autour de lui (bon on ne voit pas trop en fait puisque les scènes ont été certainement censurées par le complot communiste!)
et de l'autre :
- le rêve illusoire par son ouvrière gauchiste d'un futur prometteur pour son fils au travers de la domination étatique, ici l'éducation.

Le film montre l'échec de la politique étatique de l'éducation qui ose juger les gens sur leur travail (au moins une prostituée génère des richesses au contraire d'un enseignant payé par les impôts!), alors que cet enfant aurait pu avoir le destin de ce brave homme qu'est le maquereau. Brisée par cet échec, cette harpie s'en prend alors au grand et brave entrepreneur et l'assassine odieusement.

A partir de là le réalisateur tente audacieusement de concilier les amoureux de la liberté et les odieux totalitaires gauchisants. En effet, l'ignoble tueuse de son patron (ce sera une perte pour l'humanité certainement. Un si grand homme!) est punie par l'Etat qui protège enfin les courageux entrepreneurs. De l'autre, l'enfant est sorti de la misère par la charité du proviseur de son école : la solidarité ne fonctionne pas par la contrainte étatique (dictature stalinienne!) mais par un bénévolat capricieux et aléatoire. Si l'enfant n'avait pas trouvé de parent d'adoption, cela aurait tout aussi bien pour une société qui n'a besoin que d'entrepreneurs honnêtes comme le proxénète pour assurer son développement.

PS : Je ne pensais pas être capable d'écrire autant d'horreurs.

Créée

le 10 juin 2014

Modifiée

le 10 juin 2014

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Jibest

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