La Garce
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La Garce

Film de King Vidor (1949)

La garce c’est Bette Davis, un rôle qu’elle assume parfaitement. Beauté fatale au caractère indomptable, Rosa Moline affiche constamment une mine boudeuse et même dédaigneuse. Elle est mariée à un médecin (Joseph Cotten) et le couple est installé dans une ville industrielle à portée de train de Chicago. Chicago, c’est la grande ville où Rosa ne pense qu’à mener la grande vie. C’est là que travaille celui qui la fascine, Latimer (David Brian). Un homme que Rosa s’arrange pour retrouver sans grande discrétion, car le docteur Moline fait preuve d’une certaine naïveté.

Rosa a une idée fixe en tête, épouser Latimer pour vivre avec lui à Chicago. Malheureusement pour elle, Latimer a beau être attiré, il apprécie son indépendance. Rosa n’en peut plus de cette situation, car elle voit les années passer. Elle affiche environ la quarantaine et elle en fait voir de toutes les couleurs à son entourage, en particulier à sa domestique qui ne manque pas de caractère. C’est en effet la seule personne à oser lui tenir tête, quitte à se montre insolente. Mais côté insolence, Rosa en connaît un rayon ! Et elle passe son temps à manœuvrer pour parvenir à ses fins.

L’introduction présente Rosa qui comparaît devant un tribunal. Elle est accusée de meurtre, mais on ne sait pas de qui. La suite est un long flashback nous montrant comment Rosa en est arrivée là. Mais ce n’est pas tout, car Rosa est enceinte de son mari. Elle ne veut pas de cet enfant, alors que son mari refuse catégoriquement de la faire avorter. Nouvelle confrontation en perspective. Rosa ira jusqu’au bout de sa volonté !

Le film a choqué à sa sortie, pour sa noirceur extrême. Notons cependant que si Rosa est effectivement une sacrée garce, le titre original « Beyond the forest » fait référence à ce qui lui vaut de passer en jugement et non à son sale caractère. Le film est bien construit mais ne choque plus autant, car on en a vu d’autres. La société de la ville de Loyalton (loyal town…) est bien croquée et les relations entre les uns et les autres apparaissent bien. Les personnages secondaires ne sont pas négligés. Je pense à la domestique de Rosa, et aux amis du couple. Le scénario ménage quelques surprises, au début par exemple quand on voit Rosa et son mari s’installer dans une villa pour un week-end. Autre situation intéressante quand Rosa voit débarquer une jeune et charmante brune d’un train de Chicago pour voir Latimer. Ceci dit, le film ne m’a pas impressionné autant que j’espérais. Je le voyais pour la deuxième fois et ne m’en suis aperçu qu’après avoir reconnu la situation initiale. Bref, le titre français sans équivoque est peut-être malheureux, car il place d’emblée Rosa dans un rôle détestable, ce que son comportement ne viendra jamais contredire.

Un film à découvrir donc, car c’est un jalon historique dans le genre du film noir, mais qui vaut avant tout pour sa construction habile et l’interprétation marquante de Bette Davis.
Electron
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le 26 janv. 2013

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