Soi-disant chef d’œuvre du film noir, il rappelle avec son récit « labyrinthique », quoique moins alambiqué, la supercherie Le Grand Sommeil de H. Hawks.
Que dire par ailleurs de ces invraisemblables coïncidences menant Jeff au Mexique où il retrouve par le plus heureux des hasards celle qu’il cherche, ou, plus dérangeant encore, cette prescience presque divine de ce même Jeff, capable d’anticiper les anticipations des anticipations, davantage que ses ennemis, eux-mêmes faisant déjà preuve d’une capacité hors du commun à deviner ce qu’il se passera ? À côté de cela, le très long flash-back raconté en voiture par Jeff aux côtés de sa petite amie dans un trajet qui a dû paraître sans fin n’est qu’une anecdotique anomalie.
Le début laissait toutefois croire à autre chose : magnifique image, noir et blanc très léché, personnages mystérieux. Ce n’est pas non plus l’ambiance nocturne et enfumée, les ombres fuyantes, les éclairages, la femme fatale et énigmatique, portant avec elle l’inévitable perte du héros, le cynisme de ce dernier ou encore les symboles dont se sert pertinemment J. Tourneur qui viendront nuire au film : plutôt ce récit à tiroirs, interminable, qui, complètement las, finit par s'égarer.