La '' guerre des boutons '' revisitée par Yann Samuell est un film agréable à voir . L' ambiance générale et le ton du livre sont bien restitués et les dialogues savoureux . Les enfants jouent admirablement , dirigés de main de maître par le réalisateur. L' affrontement Longuevernes ; Velrans , est bien rendu .
La mise en avant du maître d' école et du curé de la paroisse est un plus par rapport au livre d'autant qu' Eric Elmosrino et Fred Testot sont excellents dans leur rôle respectif . Fallait-il par contre transformer l 'amoureuse de Lebrac en '' garçon manqué '' ? Occulter les violences familiales ?
Il est vrai qu' il aurait fallu montrer à quel point l' autorité parentale comme celle des maîtres , ne souffrait d'aucune contestation . Pour preuve le passage original du livre qui marque la fin de l' histoire:
'' Toute l’armée de Longeverne, du général au plus humble soldat, du plus grand au plus petit, du plus malin au moins dégourdi, tous recevaient la pile [ la raclée] et les paternels y allaient sans retenir... à grands coups de poings et de pieds, de souliers et de sabots, de martinets et de triques; et les mères s’en mêlaient elles aussi, farouches, impitoyables ... tandis que les sœurs, navrées... pleuraient, se lamentaient et suppliaient qu’on ne tuât pas pour si peu leur pauvre petit frère...
La Marie Tintin [ l' amoureuse d' Aubrac ''] voulut intervenir directement. Elle reçut de sa mère une paire de gifles lancées à toute volée avec cette menace:
—Toi, petite garce, mêle-toi de ce qui te regarde, et que j’entende dire encore par les voisines que tu fricotes avec ce jeune gouilland de Lebrac, je veux t’apprendre ce qui est de ton âge... La Marie voulut lui répliquer: une nouvelle paire de claques du père lui en coupa l’envie et elle s’en fut pleurer silencieusement dans un coin.