La guerre, d'une manière générale, ce n'est pas tellement un sujet qui me fascine. Je trouve cela cinématographiquement très contraignant : les films se ressemblent beaucoup esthétiquement et on n'y voit pas très clair, d'autant plus que les personnages se ressemblent tous car ils sont tous vêtus pareil. C'est pourquoi je ne suis pas un grand fan de Full Metal Jacket ou Apocalypse Now (allez-y, lynchez-moi).
Terrence Malick adopte un style plutôt contemplatif, plutôt qu'une atmosphère pressée et oppressante. En cela, il se détache un peu de ce qu'on peut voir d'habitude. Ce style s'appuie notamment sur une mise en valeur des réflexions des soldats, dont on peut entendre individuellement les pensées par le moyen d'une voix off. Cela fonctionne à merveille, et ne met pas l'accent sur l'horreur en tant que telle, mais plutôt sur la transformation qui s'opère sur le mental des soldats :
La guerre ne rend pas les hommes plus nobles, elle en fait des chiens, elle empoisonne l'âme.
Je voulais citer cette phrase que je trouve bien formulée, mais je dois bien admettre qu'au bout d'un moment, ça fait un peu trop de réflexions philosophiques aux belles formulations, si bien que j'ai ressenti une volonté d'intellectualiser à outrance ce film, qui devient finalement assez pédant.
Je n'ai pas plus apprécié que ça le film dans son ensemble : sur 2h40, il y a finalement trop peu de passages vraiment marquants, surtout une fois qu'on a passé la fin de la première mission. C'est un peu le propre du style contemplatif de Malick. Mais je suis un peu mauvaise langue, car si j'ai trouvé la seconde partie un peu longue, je ne me suis pas du tout ennuyé pour autant.
Parlons enfin de la magnifique scène de bataille sur fond de Hans Zimmer : j'ai versé ma larmichette. Là, l'horreur était particulièrement bien transcrite, et ce fond musical prenant nous aide à regarder ça avec un regard de spectateur, de témoin. S'en suit une scène avec la musique douce et mystérieuse de Charles Ives, qui ne peut d'accentuer ce côté "contemplation d'atrocités".
Finalement, je ne peux que respecter le savoir-faire de Malick, qui nous fait réellement ressentir la peur profonde inhérente à la situation de guerre, mais je trouve à titre personnel qu'il manque quelque chose à La Ligne Rouge, ou plutôt qu'il a trop de ce quelque chose... Comme si la première partie se suffisait à elle-même.