La Luna
6.4
La Luna

Film de Bernardo Bertolucci (1979)

Joe, adolescent de 15 ans vit avec sa mère Cat et son père Douglas à New York. Toute la vie de cette riche famille tourne autour de la mère Cat qui est cantatrice célèbre. D'où la richesse de la famille qui occupe une maison avec jardin à Brooklyn avec une bonne. Joe admire sa mère et aime son père. C'est ce dernier qui s'occupe de lui puisque sa mère est toujours absente. Mais le père va mourir subitement. La mère décide d'aller s'installer en Italie et le garçon n'a pas le choix que de lui suivre. Mais l'absence du père se fait ressentir. La mère n'est qu'un être narcissique, et égoiste plus que pervers. Exactement comme la père pianiste dans Sonate d'automne de Bergman. Certes, elle est dans la sensualité, mais pas dans l'amour. Elle est surtout egocentrique. L'egocentrique qu'on retrouve chez les artistes adulés. Adulé par les autres elle est incapable de donner de l'amour elle-même. Son fils en manque d'amour, en manque d'attention va sombrer dans la drogue et pas la meilleure, l'héroïne.

C'est lors d'une fete d'anniversaire qu'elle organise officiellement pour lui - mais on voit qu'en réalité c'est elle qui occupe le centre de l'attention - qu'elle découvre que son fils se drogue.

Elle ne l'a pas aimé, car elle s'aime uniquement elle-même, et un peu trop. De ce manque d'amour frappant, la transition vers la drogue après l'événement déclencheur de la disparition du père et de l'exil forcé, rapide et brutal. La mère va alors tenter d'aimer son fils, mais d'une manière qui ne convient pas à une relation entre mère et fils : incestueuse. Car elle ne sait pas aimer autrement que de manière sensuelle. Cette manière incestueuse d'aimer va se révéler pourtant meilleure que l'indifférence. C'est mieux que rien. Joe va renaitre de cette idylle avec sa mère la Lune et sortir de la drogue. Il va apprendre que Douglas n'était pas son père biologique, bien qu'il l’aimât véritablement comme un père. L'amour véritable perdu crée toujours un manque bien plus grand qu'une absence d'amour ab initio. Son véritable père est un italien. Mais sa mère l'a quitté parce qu'il aimait trop sa mère. Comme tous les italiens me direz-vous ? Peut-être ! Mais lui encore plus. Joe va ainsi découvrir qu'il est comme son père : il aime un peu trop sa mère. Ou en tout cas pas comme il faut. Un film qui nous propose une illustration très imagée du complexe d'Œdipe, parfois un peu caricaturale, mais ça a le mérite d'être clair du début à la fin. Quelques longueurs, mais comme souvent chez Bertolucci la beauté des images éclipse l'ennui. Alors si ce n'est pas encore fait, regardez vite Un thé au Sahara.

Hunkarbegendi
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films italiens, Les meilleurs films de Bernardo Bertolucci et Films vus en 2024

Créée

le 9 janv. 2024

Critique lue 17 fois

Hunkarbegendi

Écrit par

Critique lue 17 fois

D'autres avis sur La Luna

La Luna
EricDebarnot
8

Lyrisme et sensualité

A sa sortie, "La Luna" déconcerta critiques et public après la gigantesque fresque politique et engagée qu'avait été "1900" : ici, plus question d'analyse sociale, mais une forêt de symboles et de...

le 17 juil. 2016

5 j'aime

3

La Luna
STEINER
4

Oedipe a trois balles

Bertolucci et ses obsessions du pipi-caca oedipien.Si l’auteur de « Prima della Rivolutione » et de « la stratégie de l’araignée » a su éviter dans la plupart de ses œuvres l’impasse du scandaleux...

le 26 févr. 2016

3 j'aime

La Luna
walterhego
4

Critique de La Luna par walterhego

Plutôt esthétique et charmant. Tape à l'oeil et rempli de bons sentiments... mais inepties sur l'addiction aux drogues dures

le 18 févr. 2013

1 j'aime

Du même critique

Guerre et Paix
Hunkarbegendi
8

Critique de Guerre et Paix par Hunkarbegendi

Une excellente adaptation du livre de Tolstoi, sans doute la meilleure à ma connaissance. À l'écriture on retrouve Andrew Davies, connu pour ses adaptations de romans classiques tels que Pride and...

le 18 févr. 2016

6 j'aime

Game of Thrones: The Last Watch
Hunkarbegendi
5

Critique de Game of Thrones: The Last Watch par Hunkarbegendi

Documentaire post-autopromotionnel assez superficiel et donc décevant sur la série Game of Thrones. Certes, on y suivra le point de vue assez intéressant d'un figurant, tout en restant toujours...

le 28 mai 2019

5 j'aime

A Star Is Born
Hunkarbegendi
6

Critique de A Star Is Born par Hunkarbegendi

Dans ce premier film, Bradley Cooper qu'on n'a pas l'habitude de voir jouer dans de très bon films en général passe de l'autre côté de la caméra, tout en restant, en même temps, de l'autre côté, aux...

le 18 janv. 2019

5 j'aime