Je dévoile littéralement ce film parce que son thème me tient à coeur et que certaines scènes permettent d'étayer mon propre questionnement sur le film. Explications.

Ours d'argent de la meilleure réalisation, "La maladie du sommeil" traite d'une toute autre maladie, à savoir le sentiment nostalgique qu'on éprouve lorsqu'on se trouve loin du pays natal, sentiment plus connu sous le nom de Heimat.

Seulement, l'un des protagoniste de la petite famille partie à Yaoundé, Cameroun, ne ressent pas cette nostalgie, processus naturel d'ordinaire. Il s'appelle Ebbo Velten et, de penser qu'il puisse retourner en Allemagne, le tourmente. C'est un film qui pose la question du chacun sa place.

Où est ma place ?
Est-ce que je suis à ma place ?

Le tout bercé des rapports Nord-Sud, dans son aide humanitaire mais dans son capitalisme colon aussi. Ces rapports crée une rupture de sorte à créer un gouffre, un inconfort, pour bien signifier à celui qui n'est pas à sa place qu'il doit partir, quelle que soit sa fonction ou ses engagements privés.

Trois ans après, un médecin, Alex Nzila, voyage pour faire un compte-rendu sur l'impact de la maladie du sommeil sur la région. Depuis qu'il est arrivé, il est dans l'inconfort et dans l'attente d'exercer sa fonction. Mais rien ne se passe comme prévu. Le pire ? Qu'il soit en France ou au Cameroun, c'est la même question qu'on lui pose : d'où tu viens ?

D'où l'on vient est peut-être l'endroit déterminant le plus probable de sa place, de son adaptation à une géographie et à un temps. Mais que faire quand l'apparence ne correspond pas aux attentes de cette question ?

Alex est noir dans un pays de noirs mais il est français, né en France et ses parents aussi. Une petite ascendance congolaise mais qu'est-ce que ça peut bien faire ?

A Yaoundé, Alex se rend vite compte qu'il n'y a pas d'épidémie. Cela sous-entend qu'Ebbo ne demande rien de plus qu'à rester où il est en vivant de subventions. C'est dire sa détermination.

A partir de là, Ebbo agit comme quelqu'un en cavale, un forcené à ciel ouvert. Il vit depuis le départ de sa famille pour l'Allemagne comme quelqu'un qui force sa vie, qui change tout, de femme, d'enfant, de fusil d'épaule.

Le film est suffisamment habile et clair pour faire transparaître ce qui vient d'être dit, avec un point d'honneur pour la réalisation : très agréable, il est vrai, dans cette jungle métaphysique.
Pourtant, la compréhension s'arrête ici : nous ne savons pas la différence entre Alex et Ebbo. Cela est un vrai problème. De plus,

Je suis un peu sur ma faim, d'autant plus que je ne saisis pas bien le rapport avec la maladie du sommeil. Est-ce seulement un prétexte ? Est-ce pour réveiller ce qui sommeille en nous ? Ou est-ce, à la manière de la maladie de Sachs, le moment de se poser une question : qui soigne les médecins ? La toute fin finit de me convaincre de l'inachèvement du projet avec un fait divers qui vient comme un cheveu sur la soupe : il est sous-entendu que Ebbo est mort après l'attaque d'un hippopotame.

*************

Toute cette histoire m'a donné envie d'écouter un titre certes plus citadin mais très à propos : http://www.youtube.com/watch?v=i3dzy-y1xI8

de l'autre côté du terrain cicatriciel
Qui disparaît lentement
seule la douleur fantôme demeure
A peine audible un rire s'échappe
de la boîte d'information rouge*
faisant se retourner certains sans bruit dans leurs tombes

rien d'autre que de futures ruines
du matériau pour la prochaine strate (une couche de terreau pour les prochaines constructions)

la mélancolie
flotte au dessus de la nouvelle ville,
et du sol

au-dessus des centres de contrôles (nerveux ou ramifications architecturales/ tentaculaires régies par un centre style autoroutier ou poste frontières ou tour de contrôle)
au dessus des terrains vagues betonnés
du nid secret des bunkers
refusant d'être effacés (comme la craie d'un tableau)
marlene rentre à la maison !
De même au-dessus de la place Marlene Dietrich

les nouveau temples sont déjà fissurés
de futures ruines
un jour l'herbe recouvrira aussi la ville
au dessus de sa dernière couche

refrain

dans le ciel lacéré,
traversé de part en part par le numéro des avions de chasse
elle est suspendue les ailes déployées
sans repos et avec un regard figé
fixe les décombres
derrière elle le futur s'amoncelle
doucement elle s'envole toujours plus haut
pour finir par regarder l'étendue

quel est l'état d'âme des sols ?

*(sur leipziger platz, une architecture a été dressé, des containers rouges qui donnaient sur postdamer platz pour observer les travaux. Ces boîtes ont disparues en 2001).
Andy-Capet
4
Écrit par

Créée

le 6 févr. 2013

Modifiée

le 7 févr. 2013

Critique lue 807 fois

2 j'aime

Andy Capet

Écrit par

Critique lue 807 fois

2

Du même critique

Into the Wild
Andy-Capet
2

Un connard de hippie blanc en liberté

Sur Into the Wild, je risque d'être méchant. Non, en fait, je vais être dur. Parce que j'assume totalement. C'est autant le film que ce qu'en font les admirateurs de ce film qui m'insupporte. Que...

le 27 janv. 2014

66 j'aime

71

Disneyland, mon vieux pays natal
Andy-Capet
7

Achète-moi un conte prêt à raconter

En tant qu'ancien travailleur de Disneyland, je ne suis jamais senti à ma place dans ce milieu. Tout ce que je voulais, c'était travailler en m'évadant. Ce fut le contraire. J'ai perdu mon innocence...

le 26 avr. 2013

60 j'aime

42

RoboCop
Andy-Capet
9

Leçon cinéphile adressée à tous les faux-culs prétentieux.

L'humour satirique et grotesque dans Robocop est une porte infectieuse pour laisser entrevoir autre chose que du pop corn pour petit garçon, une porte qui laisse un aperçu de cette société tyrannique...

le 10 déc. 2013

49 j'aime

38